Chronique 2012-25 du Capitaine: Seul à Vibo Valentia

Seul à Vibo Valentia qui est à 5 km de Pizzo, je suis à la marina Stella Del Sud. La propriétaire est une Canadienne anglaise qui y travaille ainsi que sa fille. Accueil des plus chaleureux en anglais, endroit plutôt petit et propre. Un premier lavage hier après avoir été reconduire au train mon copain de voyage des cinq dernières semaines qui prendra l’avion pour Montréal dans deux jours de Rome. J’en suis à mon deuxième lavage aujourd’hui, toute la literie y passe. Un bon ménage est de rigueur et ensuite des petits travaux, comme finir l’installation d’une troisième pompe de cale. Eh oui, Nomade II à deux cales et la pompe de celle en arrière me lâche à chaque année depuis trois ans. J’ai donc décidé d’installer une pompe externe électrique. Mon guindeau qui a quand même requis 3 jours d’ouvrage pour l’installer a besoin d’amélioration disons. J’avais décidé à Malte, lors de mon achat, de prendre un contrôle sans fil en plus de celui du cockpit. Je trouvais cela idéal quand je navigue seul, mais ce satané contrôle ne fonctionne que lorsqu’il veut. Sans abandonner l’idée de ce contrôle sans fil, j’ai décidé d’en rajouter un avec fil pour plus de sécurité. Donc, une autre chose sur ma liste; disons que cette liste est perpétuelle. Il y a toujours plein de choses à faire, et avec l’usage intensif que je fais de Nomade II et en plus en eau salée, il ne faut pas se surprendre des travaux à faire.

Eh oui, mon amoureuse arrivera bientôt. Nous en profiterons pour aller visiter Rome quelques jours et ensuite en auto descendre la côte tranquillement pour revenir au bateau et reprendre doucement la navigation.

Les aléas des voyages en bateau

Nous devions partir aujourd’hui mais hier, après avoir mangé une pizza, j’ai commencé à faire un genre de gastro et je n’ai pas mangé du reste de la journée. Ce matin, lorsqu’on s’est levés à 5 heures, je n’étais guère mieux. Nous avons donc décidé de rester encore. Je me suis recouchée et maintenant, je semble aller un peu mieux. Donc, pour aujourd’hui, voici une petite chronique sur les aléas des voyages en bateau.
 

Une chose dont je n’ai pas encore parlé c’est l’Internet en Espagne. Dans les ports de la côte nord atlantique, il faut le dire: c’est de la chenoutte!!! Certains ports n’ont pas Internet; d’autres ont le service Wi-fi que vous devez payer, bien sûr, mais il est souvent assez cher et très inefficace. Le temps de chargement des pages Internet n’en finit plus, si bien que le temps que vous avez acheté passe en majorité à attendre le maudit téléchargement. Vous en perdez votre latin, votre espagnol et votre patience. La majorité des endroits où nous sommes allés ont des cafés internet et c’est relativement abordable. Par contre, il faut faire attention si on apporte sa clé USB car comme dans tout endroit où plusieurs personnes se servent des mêmes ordinateurs, il peut y avoir des virus.

Il y a aussi le lavage du linge avec lequel je vous conseille de bien vous renseigner. Par exemple, à la marina de Gijon, il n’y a pas de laveuse de linge mais comme à bien des endroits, il y a un service de lavage de linge. Le minimum requis pour faire laver son linge est de 8 kilos (faut en avoir sali du linge!!) et ils demandent 24 euros, ce qui est nettement exagéré. Nous avons donc opté pour laver nous-mêmes notre linge sur le bateau et Serge m’a fait une corde à linge pour l’étendre. Par contre, certaines marinas ont des laveuses à linge (parfois payantes, d’autres fois gratuites) mais jamais de sécheuse. Faut dire qu’en Espagne, le temps est suffisamment clément la majorité du temps pour faire sécher le linge à l’extérieur. Il arrive parfois qu’il y a des «lavenderias» ((laveries) en ville et quand elles ne sont pas trop loin de la marina, nous y allons laver notre linge.

Pour ce qui est de l’argent et les cartes de débit, Serge a eu beau avertir qu’il serait en voyage pour les prochains mois, notre banque l’a bloqué 2 fois et il ne pouvait pas retirer de l’argent d’un guichet automatique. Appeler à l’international d’un téléphone public n’est pas une mince affaire. Nous avons fait plusieurs tentatives et même avec une carte prépayée, cela n’est pas évident d’avoir la communication. Serge a été obligé d’appeler de son cellulaire afin que la banque règle les choses.

Chronique 2008-7 du Nomade II

La vie à Bord
 
Comment réussir la vie à bord quand nous sommes trois personnes très différentes dont deux forment un couple depuis maintenant 35 ans avec toutes les habitudes que ça comporte?
 
Nous nous sommes posé la question ensemble. Donc, ce que je vous écris c’est notre équipage qui m’a inspiré.
 
Tout d’abord, l’été dernier, nous avions vérifié notre capacité de vivre à bord de Nomade II par des vacances de trois semaines où nous sommes allés entre autres aux Iles-de-la-Madeleine. Après notre post-mortem, nous avons décidé que oui, nous formerions l’équipage à bord de Nomade II.
Nous avions des choses à préparer ensemble et chacun de notre côté. Contrairement à ce que l’on suggère, nous n’avons passé que peu de temps ensemble dans les mois qui ont précédé le départ.
Mais, lors du post-mortem , nous avions échangé sur nos craintes, les aspects plus difficiles de nos personnalités et nous étions engagés à réfléchir et modifier certains comportements si nécessaire.
Par exemple, je suis une marmotte et les quarts auraient pu être cauchemardesques. Mais, comme je suis une fille de parole, j’ai travaillé très fort et je m’accommode assez bien des heures de sommeil entrecoupées.
 
Selon nous, les règles de base pour réussir un équipage sont : respect, confiance, capacité de parler, de se dire les choses. Nous pensons aussi que nous devons désirer profondément faire de cette expérience de navigation une réussite pour tous. La sécurité à bord se doit d’être respectée par tous. Il n’y a qu’un seul capitaine à bord, peu importe l’expérience de navigation de l’équipage.
Pour nous, nous ne faisons pas de course, la traversée que nous faisons n’est pas la Transat.
L’humour est un élément essentiel quand on vit si proche les uns des autres. L’authenticité est aussi importante. Savoir respecter le besoin de solitude de l’autre même sur un voilier de 32 pieds.
 
Pour ce qui est de la vie à bord, la première semaine nous a permis de nous amarriner et d’apprendre comment bouger à trois. C’est-à-dire se donner un langage commun, déterminer les rôles et fonctions de chacun: quand on fait des manoeuvres, qui fait quoi. Nous aurions dû aussi déterminer qui serait responsable des repas mais, ça c’est tout naturellement installé pour nous. Germain et moi, nous partageons cette tâche pendant que le capitaine planifie notre route, est en lien avec le réseau du Capitaine etc…
Pour ce qui est du ménage, chacun fait sa part au fur et à mesure. Les gars voient aux réparations à bord et moi, je suis plus à la planification des repas, lessive. J’attire votre attention sur le fait que je préfère de beaucoup faire les tâches dites « de filles » plutôt que de me taper les réparations de moteur, d’électricité etc….
 
Comme l’espace nous est compté, nous savions déjà que nous aurions à partager les deux couchettes du carré. Nous avons chacun nos oreillers. Pensez-y, deux trajets totalisant presque 4,000 milles marins, pas de douche à bord…. Mais, non c’est pas si terrible que ça! Il y a même des jours où nous dormons tout habillés.
L’intimité à bord : très peu. Comme nous sommes des personnes assez respectueuses des autres, nous tentons de laisser des moments à chacun. Pour moi, c’est sur la banquette tribord que j’ai fait mon nid que je partage avec Germain. Serge, lui, a son antre, la cabine arrière qui sert de lieu de communication et une partie des outils sont là. Germain, lui, va à l’occasion sur le pont faire la pitoune de bateau (celle qui se fait bronzer).
 
À l’arrêt des Açores, nous avons été surpris d’entendre parler les autres équipages. La chimie qui nous unit ne semble pas se retrouver partout. Nous en apprécions d’autant plus la belle complicité qui nous unit. Bien sûr, il faut faire des compromis, mais avec le temps, c’est de plus en plus facile d’y arriver. Pour nous, il n’a pas été trop ardu de trouver l’équilibre qui nous permet de vivre une expérience extraordinaire ensemble.
 
Je sais que beaucoup de questions restent en suspens. À l’automne, je me promets de continuer à écrire. De plus, lors du retour de Serge à Québec à l’automne, nous ferons un post-mortem et nous pourrons vous  revenir sur le sujet.
 
Conclusion: respect des rôles, des personnes, confiance, humour, volonté de vivre une expérience réussie et enrichissante, sécurité, franchise, partage. Voici quelques éléments qui nous permettent d’être un équipage heureux et qui a le goût de naviguer encore ensemble un jour. Capacité de se questionner, de s’ajuster.
 
Merci de votre patience pour me lire. Excusez les tournures de phrases, je ne suis pas écrivaine mais je suis très heureuse de partager ces réflexions avec vous.
 
À plus tard, mon quart est arrivé.
Chantal

Avez-vous des questions?

Peut-être certains d’entre vous qui nous visitez, avez des questions qui vous trottent dans la tête concernant la vie à bord dans toutes ses dimensions? Quels aspects de la vie à bord vous questionnent, vous intriguent, vous fascinent? Si c’est le cas, envoyez-moi vos questions dans les prochains jours et je tenterai d’avoir les réponses pour vous en questionnant nos équipiers.

Chronique 2008-4 du Nomade II

Bon matin tout le monde,
 
Quel plaisir de recevoir vos messages!
 
Ce matin, nous sommes à moteur. Éole se fait peu généreuse pour le vent et nous aimerions être à Sao Miguel demain soir ou lundi matin. Nous avons quelques réparations à faire, un bon ménage ainsi qu’un fantasme de denrées fraîches telles que légumes et fruits. Un porto sera aussi le bienvenu.
Contrairement à quelques voiliers qui ont eu le temps de s’arrêter à Horta, nous ne pouvons nous permettre de prendre le temps d’arrêt en cours de route.Mais, je vais ce matin vous parler de notre équipage et un peu de la vie à bord.
Nous sommes toujours contents d’être ensemble sur Nomade II. Il va sans dire que de vivre sur un voilier de 32 pieds demande des ajustements de part et d’autre. Mais, lors de nos 5 à 7 quasi journaliers depuis que nous naviguons dans des eaux plus clémentes, nous sommes tous d’accord pour dire que nous vivons des moments privilégiés et heureux.
Des valeurs communes nous réunissent et nous nous basons sur celles-ci pour passer les moments plus difficiles qui ne sont, somme toute, pas si nombreux. Par exemple, nous sommes tous les trois assez écolos alors, nous ne jetons que ce qui est biodégradable par dessus bord. Le respect de la bulle de l’autre est aussi un autre élément qui nous est commun. Nous ne nous sommes pas engagés dans une course et naviguons en conséquence. La sécurité à bord est aussi essentielle et tous, nous en respectons les règles. Mado, tu peux être fière de nous, aucune dérogation n’est faite.
L’humour fait partie du voyage. Nous réussissons à rire ensemble, les uns des autres toujours dans le respect et nos petits travers deviennent des occasions de s’amuser.
Bien sûr, il y a aussi l’attente du poisson que notre capitaine Serge espère prendre, un thon de préférence pour les sushis….. Nous espérons encore.
Les quarts sont bien intégrés à la routine et les heures de sommeil même si elles sont entrecoupées sont suffisantes. C’est donc un équipage assez frais et dispo qui arrive aux Açores.
La bouffe est simplifiée à son maximum. Dans la première partie de notre voyage, ça brassait vraiment trop et maintenant, il fait chaud, nous grignotons et prenons un vrai repas par jour. J’ai fait du pain, de la pâte à pizza et des pitas. Le pain est le grand vainqueur et les pitas viennent en deuxième surtout lorsque frais cuits. Aujourd’hui, par exemple, c’est le jour du pain tout de suite après mon quart. Serge va s’y mettre sous peu. Il aura maintes occasions de cuisiner pour lui dans les années qui viendront.
Nous nous partageons les deux banquettes pour les dodos. C’est plus simple et confortable. Comme nous sommes limités en eau fraîche, nous prenons une douche à l’eau de mer et finissons par un court rinçage. Nous limitons le nombre de douche et souvent, une débarbouillette fait le travail.
Malgré une vie assez spartiate, nous apprécions notre traversée et ne désirons pas être sur un autre voilier.
J’en profite pour remercier encore une fois toutes les personnes qui nous écrivent. Chaque nouvelle reçue est importante pour nous, même si nous ne vous répondons pas personnellement.
Pour mes petits-enfants, particulièrement Estéban, la voile, ça cultive la patience mais nous avons la chance de faire partie d’un univers extraordinaire.
À mes enfants chéris, je vous aime et vous garde dans mon coeur.
Je vous quitte, mon quart arrive et les dauphins sont là qui s’amusent autour du voilier.
 
PS. le capitaine Serge renouvellera nos voeux de mariage à Sao Miguel. Nous aurons un film.
Chantal