Femme de marin 2012-7: L’anticipation du retour

Je me sens vraiment fébrile cette semaine. Le Capitaine sera là dans 3 jours et je trépigne dans la maison. Au bureau, j’essaie de m’occuper dans mes grands dossiers mais la tête et le cœur n’y sont pas. Le corps est là, dit : « présent », fait ses heures, s’habille pour la circonstance, mais la tête vagabonde entre deux continents et le cœur fait des rebonds quand il croise son regard sur les photos.

Ça fait plus de 8 ans que nous sommes ensemble et j’ai toujours ce trémolo dans la gorge et l’œil agrandi et embué quand je le vois arriver avec ses valises à l’aéroport. Ce plaisir renouvelé ne dément pas : je suis amoureuse, encore et toujours du même homme.

On dit : « Loin des yeux, loin du cœur » mais je crois qu’au contraire l’éloignement renforce les émotions et consolide les sentiments. Essayez ça pendant un bout de temps, vous m’en direz des nouvelles!

En fait, je pense que c’est une question de volonté. Un psychologue avait répondu un jour à quelqu’un qui se demandait s’il aimait encore sa conjointe : « La question n’est pas tant de savoir si vous aimez votre conjointe ou pas, mais plutôt de savoir si vous voulez que ça marche ou pas ».

Tout est dans la façon de voir les choses : Est-ce que je VEUX que ça marche ou pas??? C’est un peu ce que j’ai déjà expliqué dans mon article du 16 avril dernier (https://maler999.wordpress.com/2012/04/16/la-vie-a-deux-a-ses-perils-toutes-les-heures-ny-sont-pas-parfaites-paul-geraldy/). Parce que le décalage le plus important n’est pas le décalage horaire mais celui entre la vie à bord et à terre. Il y a un constant ajustement mais cela permet de renouveler l’engagement à chaque fois. Épuisant? Peut-être parfois, mais drôlement enrichissant.

Et je sais que les retrouvailles apaisées, il y aura une réadaptation à vivre. Ce qui permet de continuer est le fait que ce passage est de moins en moins tranchant avec le temps. Les choses se font plus en douceur. On anticipe les réactions de l’autre et on se trompe de moins en moins.

En attendant, mon petit cœur fait boum-boum et c’est bien comme ça!

Femme de marin 2012-6: Lettre d’une femme à son marin

La monotonie de l’absence est peut-être plus difficile que la monotonie de l’habitude d’une présence. Je ne sais pas, je ne me suis jamais lassée de ta présence. Ni de t’attendre d’ailleurs, sinon je ne serais plus là. (Jolane, 3 juillet 2009)

Les femmes de marins sont avant tout des femmes de l’attente. Et quand tu ne seras plus là, j’attendrai de te rejoindre.

Je peux me définir de mille façons. J’ai une vie bien à moi qui fait que j’ai différents rôles. Mais j’aime parler de celui de la femme de marin, cette vie si différente des autres qui me singularise. Les femmes de marins ont-elles une vraie vie? Elles ont une vie différente, voilà.

Tu marches sur la mer et tu déposes tes pénates à bien des endroits mais tu es ancré en permanence quelque part : dans mon cœur. Et ça, tu le sais. J’aime à penser que cela te conforte quand tu es loin. Les départs et les arrivées n’ont jamais rien de monotone, pas plus que la vie à deux parce qu’à chaque fois, il faut la réinventer, l’apprivoiser. La vie de couple pour moi n’a rien de la routine. Et quand tu seras vieux et fatigué, que tes bras ne pourront plus lâcher les amarres, tu pourras toujours retenir les miennes, et il restera tous ces beaux albums que nous avons fabriqués ensemble et qui entretiendront notre mémoire.

Cette grande Bleue, je ne la vois plus comme une rivale parce que je sais qu’elle t’aide à garder les pieds bien sur terre et que tu connais ta chance. C’est vrai que je ne suis pas une bonne moussaillonne, mais je suis une bonne femme de marin : patiente et compréhensive, sage et ordonnée. Non, c’est faux, je ne suis ni sage ni ordonnée, mais je m’efforce de le devenir, parce que le meilleur moyen de te garder est de te laisser aller. Le marin, ce n’est pas moi, c’est toi. Il faut savoir où est sa place dans la vie et l’assumer. C’est fait!

J’ai appris le sens de l’amour en me tenant debout sur un quai, silencieuse et forte comme le sont les chênes devant la tempête. Qu’est-ce qui pourrait bien m’ébranler maintenant, sinon ton absence définitive…

Les voyages forment la jeunesse et confortent la vieillesse

Quand j’étais jeune, les vacances signifiaient surtout un congé de 2 mois de l’école. Nous n’avions pas particulièrement de projets si ce n’était que de se lever tard et faire ce qu’on voulait de notre journée. Mon père avait bien quelques vacances mais comme nous n’étions pas riches et que nous ne possédions ni maison, ni piscine, ni voiture, et qu’en plus personne ne savait nager dans la famille, il n’était jamais question de voyage à la plage ou sur les côtes des États-Unis. La vie s’étirait toujours de la même façon : mon père travaillait et ma mère non car elle avait trop d’ouvrage!

Mais il y a certains souvenirs d’été qui me sont restés, probablement parce qu’ils tranchaient avec notre quotidien monotone. Je me rappelle de quelques semaines passées dans un camp de vacances tenu par les Frères St-Vincent-de-Paul dans la municipalité de St-Léonard de Portneuf. Mon père, dans sa jeunesse, avait fréquenté un Patro qui était à l’époque un centre communautaire catholique de loisirs, d’entraide et d’action communautaire. Comme il s’était beaucoup impliqué dans toutes sortes d’activités culturelles et qu’il y avait acquis une grande partie de son éducation, il était resté en contact avec tous ces gens qui le connaissaient et qui appréciaient ses talents de leader. Les Patros aidaient les familles défavorisées et comme nous avions peu d’argent, nous avions pu obtenir, durant quelques étés, un chalet pour les vacances.

Pour moi, c’était le bonheur! Je pouvais être en contact avec la nature, l’eau, le sentiment de réconfort qu’apporte l’odeur du pain grillé sur le poêle au réveil, le soleil qui se pointe le bout du nez encore frileux de la rosée du matin, le sentiment de plénitude et de liberté de marcher dans les sentiers imprégnés de l’odeur des arbres qui frissonnent sous le vent, la découverte d’un quelconque trésor enfoui quelque part. Là, les petits malheurs se rangeaient dans le placard, le temps des vacances.

Je me souviens des incursions dans l’immense garde-manger de la cafétéria où nous allions ouvrir des boîtes de gâteaux pour en chiper quelques-uns. Nous dormions parfois à l’étage et j’aimais descendre à la cuisine, le matin, parce qu’il y avait toujours sur les tables des pots de caramel et de chocolat à tartiner, choses qu’il y avait rarement chez nous. A l’époque, la bouffe était presqu’à 100 % faite sur place. C’est là que j’ai goûté pour la première fois un steak de chevreuil et j’ai aimé ça. Les odeurs de l’enfance, ça vous reste toujours collé au museau. Pour preuve, un des cadeaux que j’ai donnés à ma fille et qu’elle semble apprécier le plus c’est « Les recettes secrètes de nos mères » de Coup de Pouce.

Je me rappelle aussi des virées au village quand le Père Audet nous entassait dans sa grosse Econoline que nous appelions « la compote de pommes » tellement elle était vieille et nous brassait de tous les côtés. Je me souviens de son rire tonitruant lorsqu’il se plaisait à conduire tout croche pour que nous brassions encore plus en arrière, je me souviens surtout des rires de mon père, lui qui était plus souvent sérieux et sévère qu’autre chose. Je me rappelle du chalet de Madame Berthiaume, une ancienne journaliste qui avait légué à la colonie de vacances ce petit château plein de racoins mystérieux et qui sentait « le vieux ». Je me remémore aussi les innombrables soirées lorsque les Frères nous réunissaient dans la Gentilhommière, après le souper lorsque tout le monde se mettait en pyjama et que le Frère Dupéré nous racontait des histoires en mimant tous les personnages. Nous étions entourés des animaux empaillés par un Frère taxidermiste et avec la pénombre du soir couchant, ceux-ci semblaient prendre vie et parfois nous faisaient peur, mais d’une peur qu’on souhaitait et qu’on chérissait parce que nous la vivions collectivement et que cela nous permettait de ne pas nous sentir seuls lorsqu’il était temps d’aller dormir. Il y avait quelque chose de magique et de mystérieux dans ces lieux qui m’apparaissaient à l’époque, si loin de tout. Et je me rappelle aussi la tristesse de quitter cet endroit pour retourner à la ville, espérant y revenir l’année suivante.

Mais ce que je sus des années plus tard c’est que mes parents avaient une entente avec les Frères : le chalet nous était offert gratuitement en autant que ma mère aide les cuisinières pour les 200 petits jeunes qui venaient y séjourner. Je ne crois pas que ma mère se soit amusée tant que ça derrière ses fourneaux à trimer comme une bonne sous des chaleurs estivales… Je ne savais pas que pour ma mère c’était un travail éreintant. Dans ma tête d’enfant de 5-6 ans, je ne questionnais pas le rôle d’une mère et d’une femme. Pour moi, c’était normal de la voir là. Une réalité d’enfant c’est souvent enrobée de bonbon qui se désagrège en vieillissant, ce qui fait que je pense que certains souvenirs doivent rester des souvenirs car lorsqu’à l’âge adulte nous retournons dans certains lieux, ceux-ci nous paraissent souvent si différents et perdent de leur aura.

C’est peut-être pour ça que je ne retourne presque jamais au même endroit en vacances. Je veux garder les images intactes. De l’Italie, j’en garderai de nombreuses : des paysages à couper le souffle, d’un peuple chaleureux qui parle haut et fort, fort longtemps, d’un ciel bleu interminable et d’une note à moi-même : « L’an prochain, moins de vêtements en valise! », d’avoir marché sur des ruines qui furent autrefois des cités grandioses, de la découverte d’endroits tout aussi différents les uns que les autres, du sentiment de plénitude et de bonheur qui se dégage des yeux de mon capitaine toujours aussi curieux et aimant la vie, de ses sourires tendres le matin lorsqu’il m’offre ma première tasse de café et qu’on décide de ce qu’on va faire de notre journée…

C’est fou comme parfois de petites choses nous manquent quand on est loin de chez soi. J’ai retrouvé avec un plaisir idiot et béat mon IGA de quartier (pour la variété de bouffe) et mon beurre de peanuts ce matin. L’an prochain, je m’en « ship » une caisse en Europe!

Et de grandes choses nous manquent aussi : la chaleur des bras de mon amoureux!

P.S. Perdu 7.5 livres en vacances; plus qu’à 15 livres de mon objectif. Pas pire hein??

Femme de marin 2012-4: « La vie à deux a ses périls ; toutes les heures n’y sont pas parfaites. » – Paul Géraldy

Depuis bientôt 9 ans que nous vivons ensemble, voilà cinq années que nous sommes devenus un couple « mi-proche, mi-distance » (j’ai préféré ce terme à celui de « couple en alternance » dont j’ai parlé dans mon article https://maler999.wordpress.com/2012/04/12/lappel-du-large/. Depuis que le Capitaine est à la retraite, nous vivons de cette façon et bien des questions m’ont été posées concernant mon adaptation à ce nouveau style de vie, la question la plus fréquente étant : « Trouves-tu ça difficile? », souvent suivie du commentaire : « Moi, je n’y arriverais pas ».  Au fil du temps, il y a eu bien des variantes à cette question mais jamais personne n’a osé poser une question directe concernant la fidélité, hormis quelques petites blagues du genre : « Loin des yeux, loin du cœur » ou « Une femme dans chaque port » (et un porc dans chaque homme??).

Bon! Ce serait mentir  de vous dire que je n’y ai jamais pensé, que je n’ai passé aucune nuit à me faire du mouron et que je n’ai jamais questionné le Capitaine sur ses rencontres outre-mer. Il serait aussi réducteur de répondre une phrase simple du genre : « Je lui  fais confiance » à moins qu’on veuille dévier une conversation qui pourrait devenir gênante. Il est vrai que l’éloignement est une situation difficile à gérer car la tension est parfois forte (l’autre vous manque, il y a toujours la peur d’être trompé(e) qui rôde, peur d’une rupture car l’autre vit des choses différentes et qui sortent de l’ordinaire). On devient territorial du fait de vivre seul, ce qui peut teinter les visites et les retours d’un sentiment momentané d’envahissement mutuel.

La première chose à se dire – que l’autre soit là ou pas – est qu’on forme un couple. Il faut avoir confiance dans ce lien et tenter de l’entretenir de toutes les façons possibles. En d’autres mots, cela veut dire qu’il faut vouloir investir du temps pour et avec l’autre, même s’il est au loin. Si, au quotidien, chacun des partenaires a besoin de sentir qu’il compte pour l’autre, imaginez lorsqu’un des deux est à des centaines, voire des milliers de kilomètres pendant des semaines ou des mois!

Pour répondre à la question sur la peur de l’infidélité, je peux dire aisément, pour en avoir été moi-même victime dans le passé, que l’infidélité n’a pas besoin de la distance pour s’installer. Il faut donc que le couple ait bâti une confiance mutuelle forte au préalable s’il veut résister à l’éloignement, sinon, les suspicions, les doutes, les reproches, les interrogatoires à outrance vont finir par devenir de la paranoïa et amener une rupture.

Différentes équipes de chercheurs américains dont celles de Clements et Markman (Clements, et al., 1997) et de Gottman (Gottman et Silver, 1999) ont constaté que certaines caractéristiques permettaient en effet, avec une précision assez grande, de prédire les probabilités d’insatisfaction et de séparation. Ils ont constaté que les aspects positifs d’une relation (niveau d’engagement, harmonie sexuelle, intimité, satisfaction, etc.) ne permettaient pas de prédire les probabilités de succès d’une relation. Ce qui semblait prédicteur par contre, était la façon dont les couples réagissaient aux divergences et aux conflits lorsqu’ils se présentaient. Dit autrement, ton couple risque de durer plus longtemps si ta façon de régler les conflits fait en sorte que chacun des partenaires y trouve une relative satisfaction.

Si le bonheur c’est de l’ouvrage au quotidien, l’éloignement fait en sorte de cultiver l’art d’affronter le quotidien « en couple mais seul(e) ». Dans le lien à l’autre, il faut apprendre à communiquer correctement dans la distance car les écrits sont parfois sujets à une mauvaise interprétation; les émotions, lorsque reçues de l’autre côté, peuvent être interprétées aussi comme encore présentes (un cafard passager peut apparaître comme une dépression pour l’autre qui le reçoit). Il ne faut pas aussi tomber dans le piège de la jalousie ou les procès d’intention.

Garder le contact et le bon m’apparaît une tâche plus importante et qui n’apporte guère de repos, tâche qui demande une énergie constante. Cela doit, dans la mesure du possible, se faire au quotidien afin que l’idée de couple ne meure pas. Si un matin en se levant, mon conjoint, pour aucune raison valable, me disait : « Aujourd’hui, je ne te parle pas », ce serait inacceptable. Et cela ne l’est pas moins parce qu’il est loin, en autant que les communications et le lieu le permettent. Il y a des exceptions comme lorsque le Capitaine est en mer ou qu’il est parti dans le désert comme c’est le cas présentement.

En ce sens, il faut savoir choisir ses batailles. La peur de l’infidélité peut, à mon avis, devenir un travail qui se pose à soi-même, travail sur nos peurs bien plus que sur l’amour lui-même (est-ce de la jalousie? Un manque de confiance en soi? De la possessivité? Une volonté de contrôler l’autre sur ses allées et venues?).

Ce qui me manque le plus c’est au fond la présence de l’autre, la chaleur humaine, l’échange avec l’autre et en ce sens, nous nous créons des rituels quotidiens en se fixant des heures de rencontres virtuelles par le biais de Skype, de la caméra où le plaisir d’entendre la voix de l’autre et voir les expressions de son visage peut pallier en partie à ces manques.

On s’entend pour dire que vivre éloignés est rarement un choix. Bizarrement, nous en avons peu discuté car dès notre première rencontre, les dés étaient jetés. Ce projet de vie que le Capitaine entretenait depuis la vingtaine serait mis à exécution dès sa retraite. Malheur à la vilaine créature qui aurait tenté de le détourner de ce dessein! Elle se serait fait jeter dehors manu-militari. C’était comme épouser quelqu’un qui a déjà des enfants. Pour ma part, ce fut comme accepter un homme et sa maîtresse! Cependant, il fut clair de préciser, pour ma part, que c’était l’unique maîtresse que j’acceptais!

La vie ne nous met jamais à l’abri de rien, quoi qu’on en pense, mais en attendant, il faut éviter de se morfondre et réadapter son mode de vie, s’accorder du temps rien que pour soi et ne pas rester cloîtré chez soi à attendre l’appel (d’où l’importance de se fixer des heures de rendez-vous). Il faut savourer les moments seul tout comme on savoure les moments à deux. Il ne faut pas non plus rester dans un doute qui nous empêche de dormir et savoir régler la question dès que possible tout en dosant nos propos. Il faut aussi continuer d’élaborer des projets à deux tout en parlant à l’autre de son quotidien. Il faut aussi planifier et savourer les retrouvailles car elles sont une nouvelle rencontre avec, à chaque fois, les mêmes émotions ravivées.

Il n’existe pas de vie parfaite dans le quotidien à deux, pas plus qu’il y en a dans l’éloignement. Chacun des partenaires amène avec soi le poids de son passé. Comme l’a dit si bien Guy Corneau : « Un nombre incalculable de fantômes du passé peuplent nos chambres à coucher. Hommes et femmes doivent lutter pour ne pas sombrer dans l’archaïsme de relations mère/fils et père/fille qu’ils ont tendance à reproduire dans leur couple ». Il y a dans l’éloignement quelque chose du détachement que je suis en train d’apprendre…

C’est officiel

C’est officiel: le Capitaine arrivera jeudi le 12 août. Puis-je vous dire que je serai au poste à l’attendre fébrilement? J’ai ajouté dans l’album Europe 2010-2, 3 photos du Nomade II qui arrivait à Cassis il y a environ 3 jours. Ces photos sont une gracieuseté d’Antoine et Claude, un couple d’amis français qui sont venus passer quelques jours avec Serge. Antoine  a fait un bout de chemin en voiture afin d’attendre le Nomade II à Cassis pour son entrée. C’est tellement rare de voir le Nomade II en navigation!! C’est sûr que la dernière photo de notre voilier sera sur la couverture de notre prochain album photo que je monterai pour l’année 2010.

AIR FARCE…. LA SAGA DU RETOUR

Hey oui, c’était la fin de mes vacances aujourd’hui et je devais prendre un vol d’Air Transat à 14h50 mais tout ne s’est pas passé comme prévu…

D’abord, il y a eu un changement de porte sans que j’en sois informée, ce qui fait que pour passer les douanes, j’ai perdu ¾ d’heure dans une file composée en majeure partie par des gens de pays du Maghreb. Lorsque j’ai vu qu’il n’y avait d’affichées que des destinations telles Tunis, Marrakech, Casablanca, j’ai suspecté quelque chose et j’ai alors appris qu’il fallait me rendre à une autre porte où, cette fois-ci, j’ai attendu presque une heure trente avant d’avoir le tampon de la France sur mon passeport. Bon, jusque là, je suis dans les temps. Nous embarquons dans l’avion mais alors que l’avion doit commencer ses préparatifs pour le départ, on nous annonce qu’il faut tous débarquer car il y a un problème technique. Ceci ne devrait durer que 15 minutes environ.

Retour dans la salle d’attente où le Capitaine de l’avion se décide enfin à venir nous informer de ce qui ce passe : dans un premier temps, il y aurait eu une fuite de kérosène qui aurait noyé tout le tarmac sous l’avion. En conséquence, le débarquement était une question de sécurité. Il aurait été question d’une fuite. En conséquence, 2 heures d’attente environ pour refaire le plein et re-fuite de nouveau. Solution trouvée : faire venir un technicien de Paris qui arrivait en hâte sur un vol d’Air France pour étudier la question (!). Nous aurions des nouvelles plus tard. En attendant, aucune solution n’est proposée pour nous offrir boissons et repas.

Retour du personnel qui nous annonce qu’il faudra un autre 2 heures pour faire les vérifications et qu’il n’est pas sûr que nous pourrons partir car passé 21 heures, le personnel de l’avion ne doit pas voler, question sécurité (leur chiffre étant fait). Donc, suspense qui subit une tentative d’adoucissement en nous offrant une boisson douce et un sandwich. Par contre, il nous faudrait faire une file d’environ 20 minutes à une demi-heure pour obtenir la boisson et une autre file d’autant de minutes pour obtenir le sandwich jambon-beurre car "c’est long faire des sandwichs pour 247 passagers". Par contre, ils disent être habitués à ce genre de choses (pas rassurant!) mais d’un autre côté, l’aéroport de Marseille manque d’organisation : chaque coupon pour les breuvages et sandwichs sera rempli individuellement à la main par une préposée de l’aéroport.

Devant ce retard de 4 heures, j’appelle ma copine Alice qui doit partir de Sorel pour venir me chercher à Dorval. Comme elle est absente, je lui fais faire le message de ne pas se déplacer pour rien, ne sachant pas trop à quelle heure j’arriverai ou même si je ne devrai pas coucher à Marseille car au moment de mon appel, rien n’est sûr en ce qui concerne le départ.

A 19h00, on nous annonce donc la bonne nouvelle concernant notre imminent départ mais certains ne sont pas rassurés sur la sécurité de l’avion. Étrangement, je ne suis pas stressée. Je suis plutôt fatiguée d’avoir tant attendu et de n’avoir qu’un maigre sandwich dans le corps. J’ai chaud, je pue et je commence à en avoir assez d’Air "Banane" et de l’Aéroport "Chipo" de Marseille car il n’existe qu’un petit casse-croûte très mal équipé en menu et ce, malgré le fait que Marseille soit la 2e commune la plus peuplée de France. Il me semble que son aéroport devrait être à son image!

Donc, à 19h30, nous finissons par partir avec le son des enfants hyper-fatigués qui braillent à tous vents disséminés dans l’avion. Le Capitaine nous remercie de notre aimable patience et pour nous récompenser, offre les écouteurs gratuits à tous les passagers. WOW!! Je me sens vraiment gratifiée qu’on m’ait fait cadeau de 2 euros en dédommagement!!!!

Donc, 8 heures d’avion pour atteindre Montréal avec une dernière heure assez turbulente puisqu’il y a eu des orages électriques au-dessus de Montréal. Résultat: nous atterrissons et demeurons en bout de piste, presque dans un champ comme le dit l’agent de bord avec une attente d’environ 20 minutes à bord puisqu’un autobus doit venir nous chercher. Paraît que lorsqu’il y a des orages électriques, les aéroports optent pour un code rouge, ce qui fait qu’il n’y a plus aucun employé dehors, de peur qu’ils soient électrocutés. Tout se ferme. En conséquence, nous sommes une dizaine d’avions à attendre bêtement notre tour de se stationner et débarquer.

Je finis par récupérer ma valise et je sors à la recherche d’une navette qui pourrait m’amener au centre-ville afin que je trouve un taxi pour me ramener dans mon "home, sweet home" quand j’entends tout à coup : "Mado!", "Mado!". Je me retourne et qui vois-je? Alice et Mario qui me font des grands signes de la main. Je n’en reviens pas!!! Ils sont venus malgré tous ces retards. Vraiment chouettes, vous deux! Je vous aime!!!!! Je suis tellement heureuse et fatiguée en même temps que je parle et raconte le voyage tout le long du trajet pour la maison.

Je compte bien faire une plainte, histoire de ne pas laisser passer la chose sans rien dire. Je n’en reviens pas comme de grands aéroports comme Marseille et Dorval ne sont pas plus organisés que ça. Si ce sont des choses qui arrivent régulièrement, pourquoi ne pas prévoir d’avance des mesures de dépannage? Quant à Air "Banane" Transat, même si tout le personnel a été plus qu’avenant et gentil, c’est pas fort! Il demeure que c’était un peu inquiétant de voyager après une fuite de gaz, même si rien n’est arrivé. On se sent bien petit dans ce temps-là.

Et même si je suis attristée d’avoir laissé mon Capitaine au loin, je suis quand même très heureuse d’avoir récupéré mes quartiers et d’être revenue à la maison!

Arrivée du Capitaine

Hey oui, enfin!! C’est jour de festivités aujourd’hui car mon Capitaine est de retour. Comme son avion arrive en après-midi, j’irai travailler en matinée et rien ne pourra perturber ma bonne humeur. Au menu ce soir, steak d’orignal pour faire plaisir à mon carnivore de chum. Donc, place à la fête

Home, sweet Home

Home, sweet Home… Me voilà de retour avec en tête plein de belles images et un capitaine qui me manque déjà. Même si on annonce de la pluie pour toute la semaine à venir, je suis vraiment contente d’être de retour dans mes terres. J’ai la chance d’avoir des voisins merveilleux qui s’occupent de la maison quand je n’y suis pas. C’est donc en paix que je suis entrée chez moi et ce matin, la réalité me rattrape avec tous les comptes à payer aussi. Mais c’est la vie.
Pour le moment, Serge est toujours à Madrid et attend de recevoir ses nouveaux documents qui arriveront à l’ambassade du Canada. Espérons que ce sera demain!