Réfléchir dans la glace

« J’ai pris l’avion pour une contrée nordique. Réfléchir. Loin. Dans un bloc de glace. »
Geneviève Drolet. Le reflet de la glace.

La Suède, début décembre, seule. Vérifier comment j’évolue pour ne pas être en guerre froide contre moi-même, pour rectifier le vol si je pique du nez. Chacun a sa façon de faire son bilan mais pour certains, c’est faire une coupure avec soi-même et les autres. Le silence est parfois si violent qu’on lui eût préféré un cri assourdissant. Pour ma part, je me sens suffisamment forte pour affronter ce cri, regarder la Baltique et l’entendre au travers du vent. J’assume mes gestes et j’ai la chance d’avoir quelqu’un qui les cautionne.

Donc, ce sera la Suède, au froid, à peine 6 heures de luminosité par jour. Le climat idéal pour ce genre d’exercices. Marcher pendant des heures, recroquevillée sur moi-même et mes pensées. Démarche libératrice, s’il en est une!

Note à moi-même: ne jamais oublier qu’on s’emporte toujours avec soi, où qu’on aille…

Femme de marin 2012-6: Lettre d’une femme à son marin

La monotonie de l’absence est peut-être plus difficile que la monotonie de l’habitude d’une présence. Je ne sais pas, je ne me suis jamais lassée de ta présence. Ni de t’attendre d’ailleurs, sinon je ne serais plus là. (Jolane, 3 juillet 2009)

Les femmes de marins sont avant tout des femmes de l’attente. Et quand tu ne seras plus là, j’attendrai de te rejoindre.

Je peux me définir de mille façons. J’ai une vie bien à moi qui fait que j’ai différents rôles. Mais j’aime parler de celui de la femme de marin, cette vie si différente des autres qui me singularise. Les femmes de marins ont-elles une vraie vie? Elles ont une vie différente, voilà.

Tu marches sur la mer et tu déposes tes pénates à bien des endroits mais tu es ancré en permanence quelque part : dans mon cœur. Et ça, tu le sais. J’aime à penser que cela te conforte quand tu es loin. Les départs et les arrivées n’ont jamais rien de monotone, pas plus que la vie à deux parce qu’à chaque fois, il faut la réinventer, l’apprivoiser. La vie de couple pour moi n’a rien de la routine. Et quand tu seras vieux et fatigué, que tes bras ne pourront plus lâcher les amarres, tu pourras toujours retenir les miennes, et il restera tous ces beaux albums que nous avons fabriqués ensemble et qui entretiendront notre mémoire.

Cette grande Bleue, je ne la vois plus comme une rivale parce que je sais qu’elle t’aide à garder les pieds bien sur terre et que tu connais ta chance. C’est vrai que je ne suis pas une bonne moussaillonne, mais je suis une bonne femme de marin : patiente et compréhensive, sage et ordonnée. Non, c’est faux, je ne suis ni sage ni ordonnée, mais je m’efforce de le devenir, parce que le meilleur moyen de te garder est de te laisser aller. Le marin, ce n’est pas moi, c’est toi. Il faut savoir où est sa place dans la vie et l’assumer. C’est fait!

J’ai appris le sens de l’amour en me tenant debout sur un quai, silencieuse et forte comme le sont les chênes devant la tempête. Qu’est-ce qui pourrait bien m’ébranler maintenant, sinon ton absence définitive…

Les voyages forment la jeunesse et confortent la vieillesse

Quand j’étais jeune, les vacances signifiaient surtout un congé de 2 mois de l’école. Nous n’avions pas particulièrement de projets si ce n’était que de se lever tard et faire ce qu’on voulait de notre journée. Mon père avait bien quelques vacances mais comme nous n’étions pas riches et que nous ne possédions ni maison, ni piscine, ni voiture, et qu’en plus personne ne savait nager dans la famille, il n’était jamais question de voyage à la plage ou sur les côtes des États-Unis. La vie s’étirait toujours de la même façon : mon père travaillait et ma mère non car elle avait trop d’ouvrage!

Mais il y a certains souvenirs d’été qui me sont restés, probablement parce qu’ils tranchaient avec notre quotidien monotone. Je me rappelle de quelques semaines passées dans un camp de vacances tenu par les Frères St-Vincent-de-Paul dans la municipalité de St-Léonard de Portneuf. Mon père, dans sa jeunesse, avait fréquenté un Patro qui était à l’époque un centre communautaire catholique de loisirs, d’entraide et d’action communautaire. Comme il s’était beaucoup impliqué dans toutes sortes d’activités culturelles et qu’il y avait acquis une grande partie de son éducation, il était resté en contact avec tous ces gens qui le connaissaient et qui appréciaient ses talents de leader. Les Patros aidaient les familles défavorisées et comme nous avions peu d’argent, nous avions pu obtenir, durant quelques étés, un chalet pour les vacances.

Pour moi, c’était le bonheur! Je pouvais être en contact avec la nature, l’eau, le sentiment de réconfort qu’apporte l’odeur du pain grillé sur le poêle au réveil, le soleil qui se pointe le bout du nez encore frileux de la rosée du matin, le sentiment de plénitude et de liberté de marcher dans les sentiers imprégnés de l’odeur des arbres qui frissonnent sous le vent, la découverte d’un quelconque trésor enfoui quelque part. Là, les petits malheurs se rangeaient dans le placard, le temps des vacances.

Je me souviens des incursions dans l’immense garde-manger de la cafétéria où nous allions ouvrir des boîtes de gâteaux pour en chiper quelques-uns. Nous dormions parfois à l’étage et j’aimais descendre à la cuisine, le matin, parce qu’il y avait toujours sur les tables des pots de caramel et de chocolat à tartiner, choses qu’il y avait rarement chez nous. A l’époque, la bouffe était presqu’à 100 % faite sur place. C’est là que j’ai goûté pour la première fois un steak de chevreuil et j’ai aimé ça. Les odeurs de l’enfance, ça vous reste toujours collé au museau. Pour preuve, un des cadeaux que j’ai donnés à ma fille et qu’elle semble apprécier le plus c’est « Les recettes secrètes de nos mères » de Coup de Pouce.

Je me rappelle aussi des virées au village quand le Père Audet nous entassait dans sa grosse Econoline que nous appelions « la compote de pommes » tellement elle était vieille et nous brassait de tous les côtés. Je me souviens de son rire tonitruant lorsqu’il se plaisait à conduire tout croche pour que nous brassions encore plus en arrière, je me souviens surtout des rires de mon père, lui qui était plus souvent sérieux et sévère qu’autre chose. Je me rappelle du chalet de Madame Berthiaume, une ancienne journaliste qui avait légué à la colonie de vacances ce petit château plein de racoins mystérieux et qui sentait « le vieux ». Je me remémore aussi les innombrables soirées lorsque les Frères nous réunissaient dans la Gentilhommière, après le souper lorsque tout le monde se mettait en pyjama et que le Frère Dupéré nous racontait des histoires en mimant tous les personnages. Nous étions entourés des animaux empaillés par un Frère taxidermiste et avec la pénombre du soir couchant, ceux-ci semblaient prendre vie et parfois nous faisaient peur, mais d’une peur qu’on souhaitait et qu’on chérissait parce que nous la vivions collectivement et que cela nous permettait de ne pas nous sentir seuls lorsqu’il était temps d’aller dormir. Il y avait quelque chose de magique et de mystérieux dans ces lieux qui m’apparaissaient à l’époque, si loin de tout. Et je me rappelle aussi la tristesse de quitter cet endroit pour retourner à la ville, espérant y revenir l’année suivante.

Mais ce que je sus des années plus tard c’est que mes parents avaient une entente avec les Frères : le chalet nous était offert gratuitement en autant que ma mère aide les cuisinières pour les 200 petits jeunes qui venaient y séjourner. Je ne crois pas que ma mère se soit amusée tant que ça derrière ses fourneaux à trimer comme une bonne sous des chaleurs estivales… Je ne savais pas que pour ma mère c’était un travail éreintant. Dans ma tête d’enfant de 5-6 ans, je ne questionnais pas le rôle d’une mère et d’une femme. Pour moi, c’était normal de la voir là. Une réalité d’enfant c’est souvent enrobée de bonbon qui se désagrège en vieillissant, ce qui fait que je pense que certains souvenirs doivent rester des souvenirs car lorsqu’à l’âge adulte nous retournons dans certains lieux, ceux-ci nous paraissent souvent si différents et perdent de leur aura.

C’est peut-être pour ça que je ne retourne presque jamais au même endroit en vacances. Je veux garder les images intactes. De l’Italie, j’en garderai de nombreuses : des paysages à couper le souffle, d’un peuple chaleureux qui parle haut et fort, fort longtemps, d’un ciel bleu interminable et d’une note à moi-même : « L’an prochain, moins de vêtements en valise! », d’avoir marché sur des ruines qui furent autrefois des cités grandioses, de la découverte d’endroits tout aussi différents les uns que les autres, du sentiment de plénitude et de bonheur qui se dégage des yeux de mon capitaine toujours aussi curieux et aimant la vie, de ses sourires tendres le matin lorsqu’il m’offre ma première tasse de café et qu’on décide de ce qu’on va faire de notre journée…

C’est fou comme parfois de petites choses nous manquent quand on est loin de chez soi. J’ai retrouvé avec un plaisir idiot et béat mon IGA de quartier (pour la variété de bouffe) et mon beurre de peanuts ce matin. L’an prochain, je m’en « ship » une caisse en Europe!

Et de grandes choses nous manquent aussi : la chaleur des bras de mon amoureux!

P.S. Perdu 7.5 livres en vacances; plus qu’à 15 livres de mon objectif. Pas pire hein??

Un coming out, ça vous dit?

Un souvenir: nous sommes en réunion et je suis assise face à ma collègue qui explique quelque chose que je ne saisis pas parce que je suis hypnotisée par sa tête dégarnie. En fait, je ne fixe que ça. Je suis mal, gênée pour elle et je me fais la réflexion que ce serait pire pour moi de perdre mes cheveux que de perdre un sein.

Un autre souvenir : je suis adolescente. Je marche avec ma mère et nous croisons une vieille dame qui porte un turban noué sur le devant de la tête. Je me penche vers ma mère et lui murmure : « Si un jour, tu portes ça sur la tête, je te renie comme mère! ». Cet automne, elle aura 82 ans et je vous jure qu’elle n’en a jamais porté. Qui plus est, lorsqu’elle s’achète une nouvelle coiffe, elle me demande toujours mon impression. On en rigole à chaque fois mais j’ai dû la traumatiser!

Quarante ans plus tard, je cours les boutiques spécialisées et les centres capillaires pour trouver la fameuse coiffe et je sens le poids des années peser sur mes épaules à mesure que ma tête se dégarnit. Eh oui, la vérité c’est que je souffre d’alopécie androgénétique (en mots simples : héréditaire) et pour vous dire franchement, c’est dur sur le système!

Après avoir porté un volumateur (plus communément appelé « moumoute ») pendant quelques temps, je m’étais enfin décidé en septembre dernier à faire le grand saut et à investir dans une transplantation de cheveux, ce qui avait bien marché. Mes cheveux repoussaient et je ressentais la joie indicible de ne plus me taper régulièrement l’entretien harassant d’une prothèse de cheveux humains (brushing et toute la patente). Donc, au début de la nouvelle année, je voyais une amélioration qui était encourageante et qui me satisfaisait même si je ne retrouvais pas l’épaisseur d’avant. Du moment que la repousse cachait le crâne.

Puis, est arrivée l’opération à l’estomac que j’attendais depuis tellement de temps! Je savais que l’anesthésie générale a comme conséquence, 2-3 mois plus tard, de faire perdre des cheveux mais comme j’avais déjà été opérée à quelques reprises dans ma vie, je n’avais pas vu de changement significatif. A l’époque, je ne souffrais pas d’alopécie.  Autre temps, autres mœurs, dit-on….

Parce qu’il faut le dire, c’est dur sur l’image corporelle et sur la féminité. Quand un homme perd ses cheveux, même s’il trouve ça difficile, on a tendance à voir ça sous l’angle de la maturité qui s’acquiert. Je connais beaucoup de femmes qui me disent qu’un homme chauve c’est très sexy. Quand une femme perd ses cheveux, on relie ça forcément à la maladie. Je ne connais pas grand femme qui se rase la tête pour une question d’esthétique… à moins d’être la mannequin Eve Salvail. Les femmes ont une représentation plus holistique de leur corps que les hommes. Elles voient leur corps comme un tout : si une partie est affectée, tout le corps l’est. Bien sûr, la féminité ne se situe pas que dans les seins ou les cheveux. Comme le dit Dahlem Marjorie (Cancer du sein et féminité en soins palliatifs) : « La féminité est un état d’esprit. Chaque femme se réinvente sa propre féminité après chacune des étapes de sa vie ».

Mais comment réinventer une féminité qui est déjà ébranlée à une étape de vie où le corps subit des effritements continus? J’en sais rien présentement. Bien que le cancer soit une maladie terrible, la perte de cheveux liée aux traitements médicaux est, la majorité du temps, temporaire. Dans le cas de l’alopécie, elle est permanente et s’étale sur une longue période. C’est comme un deuil qui ne se résorbe jamais, un constant rappel d’une lutte interminable qui se joue, une peine immense qui vous rebondit en pleine face à tous les matins. La perte de quelque chose d’important pour soi est un déclencheur de chagrin. La perte de cheveux est une remise en question de la femme par rapport à sa féminité car c’est son symbole qui en est atteint. Pour beaucoup d’entre elles (dont je fais partie), l’alopécie est jugée pire que la perte d’un sein.

Donc, depuis un mois c’est l’hécatombe. J’ai tellement perdu de cheveux qu’ils ne sont plus dignes d’une mise en plis. Ma principale activité en dehors du travail est d’aller à la chasse des boutiques spécialisées pour trouver foulards, turbans, chapeaux. Cette semaine, j’ai passé à une étape importante : j’ai fait l’acquisition d’une perruque qui, j’en ai bien peur, ne sera pas un palliatif temporaire mais permanent. Parce que dans mon cas particulier (i.e. alopécie), personne ne peut me garantir que, passés les effets de l’anesthésie (qui peuvent s’étirer jusqu’à un an), mes cheveux repousseront suffisamment pour être présentables. C’est comme si l’anesthésie avait réveillé la calvitie et qu’elle reprenait le temps perdu. Il y aura bien repousse de quelques petits cheveux folâtres mais entre vous et moi, ressentez-vous ce grand frisson de bonheur devant l’image invoquée??? Ne me demandez pas mon avis…

Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous conte tout ça? Ce n’est pas pour attirer la pitié, Dieu m’en garde!! C’est que bientôt j’apparaîtrai sur des photos de voyage. Les photos c’est comme un miroir… La majorité de ceux et celles qui me connaissent savent que j’ai toujours détesté avoir quelque chose sur la tête. J’ai jamais eu une tête à chapeau, comme on dit et soudain, on me verra sûrement avec ma perruque,  un turban, un foulard, qui sait…  C’est pas toujours des plus chics…  Une amie m’a déjà dit lors d’un passage à vide : « Tête haute, ma belle ». Alors, c’est ma façon d’affronter ma destinée.

Je pensais être en rémission mais c’était juste une accalmie. Je vis une rechute (le mot est juste!) mais je veux pas passer mon temps à pleurer sur mon sort. J’en suis pas encore là mais c’est mon souhait le plus cher. Le Capitaine me dit qu’il m’aime et j’espère que je serai encore attrayante à ses yeux. L’amour prend un autre visage…

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j’entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
(Charles Baudelaire, 1869. Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose).

Femme de marin 2012-4: « La vie à deux a ses périls ; toutes les heures n’y sont pas parfaites. » – Paul Géraldy

Depuis bientôt 9 ans que nous vivons ensemble, voilà cinq années que nous sommes devenus un couple « mi-proche, mi-distance » (j’ai préféré ce terme à celui de « couple en alternance » dont j’ai parlé dans mon article https://maler999.wordpress.com/2012/04/12/lappel-du-large/. Depuis que le Capitaine est à la retraite, nous vivons de cette façon et bien des questions m’ont été posées concernant mon adaptation à ce nouveau style de vie, la question la plus fréquente étant : « Trouves-tu ça difficile? », souvent suivie du commentaire : « Moi, je n’y arriverais pas ».  Au fil du temps, il y a eu bien des variantes à cette question mais jamais personne n’a osé poser une question directe concernant la fidélité, hormis quelques petites blagues du genre : « Loin des yeux, loin du cœur » ou « Une femme dans chaque port » (et un porc dans chaque homme??).

Bon! Ce serait mentir  de vous dire que je n’y ai jamais pensé, que je n’ai passé aucune nuit à me faire du mouron et que je n’ai jamais questionné le Capitaine sur ses rencontres outre-mer. Il serait aussi réducteur de répondre une phrase simple du genre : « Je lui  fais confiance » à moins qu’on veuille dévier une conversation qui pourrait devenir gênante. Il est vrai que l’éloignement est une situation difficile à gérer car la tension est parfois forte (l’autre vous manque, il y a toujours la peur d’être trompé(e) qui rôde, peur d’une rupture car l’autre vit des choses différentes et qui sortent de l’ordinaire). On devient territorial du fait de vivre seul, ce qui peut teinter les visites et les retours d’un sentiment momentané d’envahissement mutuel.

La première chose à se dire – que l’autre soit là ou pas – est qu’on forme un couple. Il faut avoir confiance dans ce lien et tenter de l’entretenir de toutes les façons possibles. En d’autres mots, cela veut dire qu’il faut vouloir investir du temps pour et avec l’autre, même s’il est au loin. Si, au quotidien, chacun des partenaires a besoin de sentir qu’il compte pour l’autre, imaginez lorsqu’un des deux est à des centaines, voire des milliers de kilomètres pendant des semaines ou des mois!

Pour répondre à la question sur la peur de l’infidélité, je peux dire aisément, pour en avoir été moi-même victime dans le passé, que l’infidélité n’a pas besoin de la distance pour s’installer. Il faut donc que le couple ait bâti une confiance mutuelle forte au préalable s’il veut résister à l’éloignement, sinon, les suspicions, les doutes, les reproches, les interrogatoires à outrance vont finir par devenir de la paranoïa et amener une rupture.

Différentes équipes de chercheurs américains dont celles de Clements et Markman (Clements, et al., 1997) et de Gottman (Gottman et Silver, 1999) ont constaté que certaines caractéristiques permettaient en effet, avec une précision assez grande, de prédire les probabilités d’insatisfaction et de séparation. Ils ont constaté que les aspects positifs d’une relation (niveau d’engagement, harmonie sexuelle, intimité, satisfaction, etc.) ne permettaient pas de prédire les probabilités de succès d’une relation. Ce qui semblait prédicteur par contre, était la façon dont les couples réagissaient aux divergences et aux conflits lorsqu’ils se présentaient. Dit autrement, ton couple risque de durer plus longtemps si ta façon de régler les conflits fait en sorte que chacun des partenaires y trouve une relative satisfaction.

Si le bonheur c’est de l’ouvrage au quotidien, l’éloignement fait en sorte de cultiver l’art d’affronter le quotidien « en couple mais seul(e) ». Dans le lien à l’autre, il faut apprendre à communiquer correctement dans la distance car les écrits sont parfois sujets à une mauvaise interprétation; les émotions, lorsque reçues de l’autre côté, peuvent être interprétées aussi comme encore présentes (un cafard passager peut apparaître comme une dépression pour l’autre qui le reçoit). Il ne faut pas aussi tomber dans le piège de la jalousie ou les procès d’intention.

Garder le contact et le bon m’apparaît une tâche plus importante et qui n’apporte guère de repos, tâche qui demande une énergie constante. Cela doit, dans la mesure du possible, se faire au quotidien afin que l’idée de couple ne meure pas. Si un matin en se levant, mon conjoint, pour aucune raison valable, me disait : « Aujourd’hui, je ne te parle pas », ce serait inacceptable. Et cela ne l’est pas moins parce qu’il est loin, en autant que les communications et le lieu le permettent. Il y a des exceptions comme lorsque le Capitaine est en mer ou qu’il est parti dans le désert comme c’est le cas présentement.

En ce sens, il faut savoir choisir ses batailles. La peur de l’infidélité peut, à mon avis, devenir un travail qui se pose à soi-même, travail sur nos peurs bien plus que sur l’amour lui-même (est-ce de la jalousie? Un manque de confiance en soi? De la possessivité? Une volonté de contrôler l’autre sur ses allées et venues?).

Ce qui me manque le plus c’est au fond la présence de l’autre, la chaleur humaine, l’échange avec l’autre et en ce sens, nous nous créons des rituels quotidiens en se fixant des heures de rencontres virtuelles par le biais de Skype, de la caméra où le plaisir d’entendre la voix de l’autre et voir les expressions de son visage peut pallier en partie à ces manques.

On s’entend pour dire que vivre éloignés est rarement un choix. Bizarrement, nous en avons peu discuté car dès notre première rencontre, les dés étaient jetés. Ce projet de vie que le Capitaine entretenait depuis la vingtaine serait mis à exécution dès sa retraite. Malheur à la vilaine créature qui aurait tenté de le détourner de ce dessein! Elle se serait fait jeter dehors manu-militari. C’était comme épouser quelqu’un qui a déjà des enfants. Pour ma part, ce fut comme accepter un homme et sa maîtresse! Cependant, il fut clair de préciser, pour ma part, que c’était l’unique maîtresse que j’acceptais!

La vie ne nous met jamais à l’abri de rien, quoi qu’on en pense, mais en attendant, il faut éviter de se morfondre et réadapter son mode de vie, s’accorder du temps rien que pour soi et ne pas rester cloîtré chez soi à attendre l’appel (d’où l’importance de se fixer des heures de rendez-vous). Il faut savourer les moments seul tout comme on savoure les moments à deux. Il ne faut pas non plus rester dans un doute qui nous empêche de dormir et savoir régler la question dès que possible tout en dosant nos propos. Il faut aussi continuer d’élaborer des projets à deux tout en parlant à l’autre de son quotidien. Il faut aussi planifier et savourer les retrouvailles car elles sont une nouvelle rencontre avec, à chaque fois, les mêmes émotions ravivées.

Il n’existe pas de vie parfaite dans le quotidien à deux, pas plus qu’il y en a dans l’éloignement. Chacun des partenaires amène avec soi le poids de son passé. Comme l’a dit si bien Guy Corneau : « Un nombre incalculable de fantômes du passé peuplent nos chambres à coucher. Hommes et femmes doivent lutter pour ne pas sombrer dans l’archaïsme de relations mère/fils et père/fille qu’ils ont tendance à reproduire dans leur couple ». Il y a dans l’éloignement quelque chose du détachement que je suis en train d’apprendre…

Le jour J pour: JE suis égoïste….

Ça y est, nous y voilà enfin ! Un parcours qui s’achève après presque 4 ans d’attentes et d’espérances souvent déçues. Lundi sera le jour J. Je me suis fait discrète ces temps-ci. Certains ont pu voir le décompte sur ma page Facebook, qu’un décompte et rien d’autre. Lundi, il y aura un événement important pour moi : la fin d’une vie, le début d’une autre, les deux, c’est selon…

Difficile de dire comment je me sens présentement. Je suis morte à tellement de choses dans cette vie-ci qu’il me semble que je ne suis plus en deuil de rien. Disons que je me sens en mutation. La chenille qui se transforme en papillon ne perd pas de temps à pleurer lorsqu’elle sort de son cocon ; elle fait ce qu’elle a à faire, point.

J’ai mené ma vie comme tout le monde : batailles, défis, accalmies… succès, échecs, accalmies… la routine, quoi ! A 50 ans, l’hérédité m’a rattrapée. La ménopause a apporté son lot de problèmes mais avec une prime : la boîte de Pandore dont je parlais dans mon article du 2 février dernier. Je vous passe sous silence toutes les actions que j’ai entreprises pour contrer les problèmes de santé qui s’accumulent, me rendant de plus en plus à risque. Le tour du jardin était fait. J’ai donc pris une décision qui m’a menée à ce que je vivrai lundi : une plicature gastrique. Pour ceux et celles qui n’ont aucune idée de ce qu’est ce type d’opération, je vous invite à regarder cette petite animation 3D : http://www.youtube.com/watch?v=sbQxotHYYAk&feature=related

Qu’on se le tienne pour dit : je n’ai jamais cherché l’approbation pour tout ce que je fais. Ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Ce n’est donc pas pour ça que j’étais discrète. Si je n’ai pas vraiment écrit mes états d’âme sur mon blogue (quoique j’aurais pu le faire pour moi-même), c’est que je ne voulais pas que le négativisme, l’ignorance ou les peurs de certaines personnes me contaminent. Au début, j’ai eu, en effet, toutes sortes de réactions. Quelqu’un m’avait dit : « J’aurais tellement peur des conséquences si on me jouait là ». J’avais répondu que j’avais plus peur de devenir aveugle et amputée comme mon père que de me faire opérer. En d’autres mots, il est vrai que l’hérédité m’a rattrapée mais l’hérédité n’est pas une fatalité. Une autre personne m’a dit : « T’as pas besoin de ça, la vie t’a faite ainsi ». Non, la vie n’aurait pas voulu que je souffre constamment et que j’aboutisse là : désespérée. La vie nous a fait d’espoir et cette solution est un espoir de plus. Alors, j’ai cessé d’en parler. J’ai gardé ça pour moi et quelques privilégiés, comme un grand secret. Une collègue qui l’a su dernièrement (parce que je vais être absente pendant un mois) m’a fait la remarque suivante : « Mon Dieu, j’aurais jamais soupçonné tous tes problèmes de santé. Tu es toujours souriante, positive ! ». Pouvais-je faire autrement ? Me plaindre constamment ? La vie continue… pour tout le monde. Il faut la gagner et non la perdre, dit-on.

A l’abri des regards indiscrets, j’ai beaucoup pleuré dans ma vie mais rarement demandé quelque chose « à l’univers » (pour utiliser l’expression populaire). Et là, je l’ai eue. Parce qu’en arriver là passe en premier par un constat d’échec. Les gens qui subissent ce genre d’opération (la mienne étant la plus « légère »), ne sont ni inconséquents, ni paresseux, ni stupides, ni fixés sur l’image d’un corps idéal. Quoi qu’on en pense, ils se soucient de leur santé, ont mené de dures batailles, ont eu peu ou pas de répit. Ils voient leur santé se dégrader lentement comme un cancer, comme une longue marche vers la mort. Ces gens souffrent et les nombreux échecs accumulés ne font que les vider de leur essence. Personne n’a dit que la vie était une longue partie de plaisirs mais elle ne peut pas être que souffrances continuelles ! Peut-être que je n’aurai jamais cette sérénité « à la Mère Térésa » pour transcender ces épreuves et y trouver de la joie. Dans cette vie-ci, je suis incarnée et tous les instants me le rappellent.

Doutez de vos préjugés, questionnez-les régulièrement. Pour avoir entendu des dizaines de commentaires de mes voisines de salles d’essayage chez Penningtons ou Addition Elle, je peux vous dire que pas une femme n’est heureuse d’être là à ce moment-là. Imaginez une vie ! Et pour beaucoup d’hommes, ce n’est guère mieux, même s’ils en parlent moins.  Doutez de vos préjugés, questionnez-les régulièrement.

Perdre du poids ne se résume pas à une simple question de volonté, ni de rigueur. Pour avoir essayé tant de régimes, de programmes d’exercices et de façons de voir la vie, pour avoir essayé tant de fois, « cent fois sur le métier remettre son ouvrage », je pense que ces gens vous battent en volonté et en rigueur. Il ne s’agit pas non plus d’une lubie à se soumettre aux injonctions esthétiques de notre société. Pour beaucoup, il y a longtemps que ces gens ont fait le deuil de cette fameuse image irréaliste. La réalité, ils l’ont à tous les jours dans leur miroir. Réalité si hurlante au point qu’il est impensable que vous ne l’entendiez pas. Toutes les pentures de leur corps crient. Ils sont enfermés dans un corps qui est devenu un tombeau. Ne pensez-vous pas qu’ils le savent déjà ?

J’aurai 56 ans dans 2 semaines. Je m’offre un cadeau pour la vie. C’est mon choix, pleinement assumé. Parce que justement, je veux voir grandir mes petits-enfants, je veux voir vieillir ma fille en beauté et en sagesse. Je veux encore me mirer longtemps dans les yeux de mon amoureux qui me disent que pour lui, je serai toujours belle. Je vous livre un grand secret : je suis égoïste, je fais tout ça pour moi-même !

Tel le papillon que j’ai de tatoué dans mon dos, je suis en transformation, en mutation. Ce qu’il en résultera, je n’en sais rien. Pour preuve, je ne me suis pas fixé de nombre de kilos à perdre. Juste un IMC raisonnable, un IMC qui pourra freiner la progression de certains problèmes de santé dont j’ai hérité. Car je suis réaliste : cette opération n’est pas un miracle, elle n’éliminera probablement aucune des maladies. Je souffrirai encore, j’aurai des restrictions alimentaires, je devrai faire preuve de rigueur et de volonté (mais ça, c’est la routine, bon). Mais il y aura des bénéfices et des moments d’accalmie plus longs. Ce sera ça de gagné.

Mais tout comme Ginette Reno le disait dernièrement, je déteste ces mots : perdre et gagner. Pour elle, ces 2 mots, c’est la même chose. Parce que lorsqu’on gagne et lorsqu’on perd quelque chose, il y a toujours un deuil à faire d’un autre quelque chose qui vient avec ça.

Dans ce long processus, il y a deux personnes en particulier que j’aimerais remercier. La première est une rencontre qui a été déterminante pour moi, Audrey, tu es une de ces rares personnes dont le passage laisse des marques et le déclic de ma démarche, je te le dois. Grand merci pour tes encouragements, ton positivisme et pour avoir alimenté le feu de mes espoirs. Je suis fière d’être membre du club !

Et il y a le chéri, le Capitaine par qui j’ai appris à ajuster mes voiles au fil du temps. Nous avons passé tant de tempêtes ensemble… Une phrase simple : Je t’aime.

 

La gentillesse aurait un prix?

Qu’on se le tienne pour dit : je vais au privé mais je n’ai pas plus d’argent que quiconque.

J’y vais parce que je n’ai pas le choix, parce que notre système de santé  public est si sclérosé qu’il va à l’encontre de sa mission première, soit soulager la souffrance des gens. La dernière fois que je suis allée à l’urgence, j’ai attendu 22 heures et je me suis fait dire que j’étais chanceuse, certains attendent 48 heures…. Je vais au privé parce que les temps d’attente au public sont interminables et font en sorte de tuer tout espoir en soi. Certains examens ont plus de 2 ans d’attente avant d’obtenir un rendez-vous, et certaines opérations ont des listes d’attente de 5 ans. Je le sais parce que j’ai essayé tant bien que mal d’obtenir une place dans la file…

Me voilà dans une situation précaire : mal de dos à la limite du supportable, système débalancé, quotidien handicapé, journées où je ne suis plus fonctionnelle, de ces jours que j’appelle « avec » car je dois utiliser ma canne pour me déplacer.

Hier était un jour « sans », un jour béni, rare, qui me laisse un peu de répit.

Je revois mes priorités, décide de ne pas donner de cadeaux à Noël cette année. L’unique cadeau que je me fais est celui de la santé que je tente, parfois désespérément, de maintenir. J’opte pour la médecine privée, si efficace quand on paie!

Mon chum dit que publique ou privée, on paie la médecine dans les deux cas au Québec.  Selon lui, le problème n’est pas dans le fait de payer mais plutôt dans le fait qu’au public, la surpuissance des syndicats et la mauvaise gérance font que les gens ne sont pas encouragés à travailler. Même s’ils ont de bonnes conditions de travail (à mon avis, elles se dégradent de plus en plus), peu de gens semblent aimer ce qu’ils font. Dans les hôpitaux, les cliniques, la majorité semble dépassée, vannée, claquée… comme les patients.

Donc, pendant que j’attends, que je cultive ma patience à attendre, je bouffe des antidouleurs, des anti-inflammatoires comme des Smarties et je me « scrappe » l’estomac. Le choix le plus sensé dans les circonstances est de refaire mon budget et de prioriser la santé, direction le privé, parce que je me trouve jeune pour abdiquer, parce que j’ai envie d’entendre ma fille m’annoncer bientôt, peut-être, qu’elle est enceinte, et tenir ce petit bout de chou dans mes bras, parce que j’ai hâte d’être à la retraite et de voyager avec mon Capitaine, de peindre, prendre des cours pour le plaisir ou de ne rien faire, ne plus me stresser pour des choses qui m’emmerdent.

Hier, expérience agréable, très agréable, un petit moment de bonheur dans le marasme. Ma docteure me fait passer une résonance magnétique pour trouver ce qui ne va pas dans mon dos. Diagnostic : 2 hernies discales (une lombaire et une dorsale). Cependant, la dorsale est si inusitée, si bizarre qu’on suppose une métastase osseuse. Il faut investiguer plus loin. Et hop, on ajoute une scintigraphie osseuse. Donc, voilà l’expérience agréable : un centre de soins privé où je suis accueillie par un technologue au sourire ravageur. Un anglophone qui parle un français impeccable avec un charmant petit accent. On prend le temps de vous donner un petit cours de scintigraphie 101, de cancer 102, on répond à vos questions sans aucune marque d’impatience, on vous accompagne jusqu’à la porte des toilettes, on vous offre un café qu’on vous apporte – juste à point le café, on s’assure que vous êtes bien installée dans l’attente. On entend même la réceptionniste donner un rendez-vous au téléphone et indiquer au patient la meilleure place de stationnement dans le coin. Rendue dans la salle d’examen, on vous offre une petite couverte pour réchauffer vos pieds, on vous l’installe délicatement, avec respect et on vous explique au fur et à mesure ce qui se passe durant l’examen. Et quand tout est terminé, on vous donne une poignée de main et on vous souhaite bonne chance. On vous dit : « Ce soir, dormez bien ».  Trop cool le mec! Des petits riens, des détails… qui font la différence. La « désespérance » n’existe plus…

Ça va être dur de retourner au public…

J’ai pensé tristement que la gentillesse a un prix… mais pas celui qu’on pense.

Attachez-moé kekun!!!!

La chaleur est insupportable ces jours-ci! La maison est un vrai four. La chaleur et l’humidité s’y sont engouffrées et ne veulent plus partir. Je n’ai l’air climatisé que dans la chambre à coucher et les ventilateurs de la cuisine et du salon ne font que circuler un air déjà chaud.

Après avoir ingurgité des litres d’eau durant toute la journée et attendu une supposée pluie salvatrice qui n’est jamais venue, j’ai décidé d’aller m’aérer dans un centre d’achats, avec comme objectif de dépenser des sous pour ma nouvelle petite-fille, mais aussi pour récupérer un semblant de dignité que la chaleur a fait fondre en même temps que le maquillage et le brushing.

Donc, direction Souris Mini et autres magasins de linge d’enfants et extase totale en voyant tout ce que la mode a produit depuis 32 ans que je n’avais pas magasiné pour un enfant. Après avoir décliné l’offre de la vendeuse pour m’aider à choisir, celle-ci ne me quittait pas du regard car j’avais l’air d’une vraie folle qui  riait toute seule devant les petits ensembles tous plus beaux les uns que les autres. Pour ajouter à la folie, je parlais tout haut: « ah, c’est donc bien cute! », « la puce va être tellement crotte là-dedans! ». Mais probablement que ces élucubrations sont chose normale, la routine quoi,  pour une vendeuse qui n’en est pas à son premier adulte qui retrouve son coeur d’enfant devant tant de jolies petites choses.

Bon, la mode pour garçons s’est améliorée depuis le temps mais j’ai toujours mieux aimé magasiner pour une petite fille. Par contre, difficile de manquer les allées pour petites filles avec cette orgie de rose qui sévit dans toutes les boutiques enfantines. Pas mêlant, j’aurais tout acheté pour ce petit ange.

Il a bien fallu que je revienne dans mon four mais ce fut un plaisir écrapoutissant que de faire ce premier paquet pour la jolie Hailey et ses parents.

Hailey