Les voyages forment la jeunesse et confortent la vieillesse

Quand j’étais jeune, les vacances signifiaient surtout un congé de 2 mois de l’école. Nous n’avions pas particulièrement de projets si ce n’était que de se lever tard et faire ce qu’on voulait de notre journée. Mon père avait bien quelques vacances mais comme nous n’étions pas riches et que nous ne possédions ni maison, ni piscine, ni voiture, et qu’en plus personne ne savait nager dans la famille, il n’était jamais question de voyage à la plage ou sur les côtes des États-Unis. La vie s’étirait toujours de la même façon : mon père travaillait et ma mère non car elle avait trop d’ouvrage!

Mais il y a certains souvenirs d’été qui me sont restés, probablement parce qu’ils tranchaient avec notre quotidien monotone. Je me rappelle de quelques semaines passées dans un camp de vacances tenu par les Frères St-Vincent-de-Paul dans la municipalité de St-Léonard de Portneuf. Mon père, dans sa jeunesse, avait fréquenté un Patro qui était à l’époque un centre communautaire catholique de loisirs, d’entraide et d’action communautaire. Comme il s’était beaucoup impliqué dans toutes sortes d’activités culturelles et qu’il y avait acquis une grande partie de son éducation, il était resté en contact avec tous ces gens qui le connaissaient et qui appréciaient ses talents de leader. Les Patros aidaient les familles défavorisées et comme nous avions peu d’argent, nous avions pu obtenir, durant quelques étés, un chalet pour les vacances.

Pour moi, c’était le bonheur! Je pouvais être en contact avec la nature, l’eau, le sentiment de réconfort qu’apporte l’odeur du pain grillé sur le poêle au réveil, le soleil qui se pointe le bout du nez encore frileux de la rosée du matin, le sentiment de plénitude et de liberté de marcher dans les sentiers imprégnés de l’odeur des arbres qui frissonnent sous le vent, la découverte d’un quelconque trésor enfoui quelque part. Là, les petits malheurs se rangeaient dans le placard, le temps des vacances.

Je me souviens des incursions dans l’immense garde-manger de la cafétéria où nous allions ouvrir des boîtes de gâteaux pour en chiper quelques-uns. Nous dormions parfois à l’étage et j’aimais descendre à la cuisine, le matin, parce qu’il y avait toujours sur les tables des pots de caramel et de chocolat à tartiner, choses qu’il y avait rarement chez nous. A l’époque, la bouffe était presqu’à 100 % faite sur place. C’est là que j’ai goûté pour la première fois un steak de chevreuil et j’ai aimé ça. Les odeurs de l’enfance, ça vous reste toujours collé au museau. Pour preuve, un des cadeaux que j’ai donnés à ma fille et qu’elle semble apprécier le plus c’est « Les recettes secrètes de nos mères » de Coup de Pouce.

Je me rappelle aussi des virées au village quand le Père Audet nous entassait dans sa grosse Econoline que nous appelions « la compote de pommes » tellement elle était vieille et nous brassait de tous les côtés. Je me souviens de son rire tonitruant lorsqu’il se plaisait à conduire tout croche pour que nous brassions encore plus en arrière, je me souviens surtout des rires de mon père, lui qui était plus souvent sérieux et sévère qu’autre chose. Je me rappelle du chalet de Madame Berthiaume, une ancienne journaliste qui avait légué à la colonie de vacances ce petit château plein de racoins mystérieux et qui sentait « le vieux ». Je me remémore aussi les innombrables soirées lorsque les Frères nous réunissaient dans la Gentilhommière, après le souper lorsque tout le monde se mettait en pyjama et que le Frère Dupéré nous racontait des histoires en mimant tous les personnages. Nous étions entourés des animaux empaillés par un Frère taxidermiste et avec la pénombre du soir couchant, ceux-ci semblaient prendre vie et parfois nous faisaient peur, mais d’une peur qu’on souhaitait et qu’on chérissait parce que nous la vivions collectivement et que cela nous permettait de ne pas nous sentir seuls lorsqu’il était temps d’aller dormir. Il y avait quelque chose de magique et de mystérieux dans ces lieux qui m’apparaissaient à l’époque, si loin de tout. Et je me rappelle aussi la tristesse de quitter cet endroit pour retourner à la ville, espérant y revenir l’année suivante.

Mais ce que je sus des années plus tard c’est que mes parents avaient une entente avec les Frères : le chalet nous était offert gratuitement en autant que ma mère aide les cuisinières pour les 200 petits jeunes qui venaient y séjourner. Je ne crois pas que ma mère se soit amusée tant que ça derrière ses fourneaux à trimer comme une bonne sous des chaleurs estivales… Je ne savais pas que pour ma mère c’était un travail éreintant. Dans ma tête d’enfant de 5-6 ans, je ne questionnais pas le rôle d’une mère et d’une femme. Pour moi, c’était normal de la voir là. Une réalité d’enfant c’est souvent enrobée de bonbon qui se désagrège en vieillissant, ce qui fait que je pense que certains souvenirs doivent rester des souvenirs car lorsqu’à l’âge adulte nous retournons dans certains lieux, ceux-ci nous paraissent souvent si différents et perdent de leur aura.

C’est peut-être pour ça que je ne retourne presque jamais au même endroit en vacances. Je veux garder les images intactes. De l’Italie, j’en garderai de nombreuses : des paysages à couper le souffle, d’un peuple chaleureux qui parle haut et fort, fort longtemps, d’un ciel bleu interminable et d’une note à moi-même : « L’an prochain, moins de vêtements en valise! », d’avoir marché sur des ruines qui furent autrefois des cités grandioses, de la découverte d’endroits tout aussi différents les uns que les autres, du sentiment de plénitude et de bonheur qui se dégage des yeux de mon capitaine toujours aussi curieux et aimant la vie, de ses sourires tendres le matin lorsqu’il m’offre ma première tasse de café et qu’on décide de ce qu’on va faire de notre journée…

C’est fou comme parfois de petites choses nous manquent quand on est loin de chez soi. J’ai retrouvé avec un plaisir idiot et béat mon IGA de quartier (pour la variété de bouffe) et mon beurre de peanuts ce matin. L’an prochain, je m’en « ship » une caisse en Europe!

Et de grandes choses nous manquent aussi : la chaleur des bras de mon amoureux!

P.S. Perdu 7.5 livres en vacances; plus qu’à 15 livres de mon objectif. Pas pire hein??

Un coming out, ça vous dit?

Un souvenir: nous sommes en réunion et je suis assise face à ma collègue qui explique quelque chose que je ne saisis pas parce que je suis hypnotisée par sa tête dégarnie. En fait, je ne fixe que ça. Je suis mal, gênée pour elle et je me fais la réflexion que ce serait pire pour moi de perdre mes cheveux que de perdre un sein.

Un autre souvenir : je suis adolescente. Je marche avec ma mère et nous croisons une vieille dame qui porte un turban noué sur le devant de la tête. Je me penche vers ma mère et lui murmure : « Si un jour, tu portes ça sur la tête, je te renie comme mère! ». Cet automne, elle aura 82 ans et je vous jure qu’elle n’en a jamais porté. Qui plus est, lorsqu’elle s’achète une nouvelle coiffe, elle me demande toujours mon impression. On en rigole à chaque fois mais j’ai dû la traumatiser!

Quarante ans plus tard, je cours les boutiques spécialisées et les centres capillaires pour trouver la fameuse coiffe et je sens le poids des années peser sur mes épaules à mesure que ma tête se dégarnit. Eh oui, la vérité c’est que je souffre d’alopécie androgénétique (en mots simples : héréditaire) et pour vous dire franchement, c’est dur sur le système!

Après avoir porté un volumateur (plus communément appelé « moumoute ») pendant quelques temps, je m’étais enfin décidé en septembre dernier à faire le grand saut et à investir dans une transplantation de cheveux, ce qui avait bien marché. Mes cheveux repoussaient et je ressentais la joie indicible de ne plus me taper régulièrement l’entretien harassant d’une prothèse de cheveux humains (brushing et toute la patente). Donc, au début de la nouvelle année, je voyais une amélioration qui était encourageante et qui me satisfaisait même si je ne retrouvais pas l’épaisseur d’avant. Du moment que la repousse cachait le crâne.

Puis, est arrivée l’opération à l’estomac que j’attendais depuis tellement de temps! Je savais que l’anesthésie générale a comme conséquence, 2-3 mois plus tard, de faire perdre des cheveux mais comme j’avais déjà été opérée à quelques reprises dans ma vie, je n’avais pas vu de changement significatif. A l’époque, je ne souffrais pas d’alopécie.  Autre temps, autres mœurs, dit-on….

Parce qu’il faut le dire, c’est dur sur l’image corporelle et sur la féminité. Quand un homme perd ses cheveux, même s’il trouve ça difficile, on a tendance à voir ça sous l’angle de la maturité qui s’acquiert. Je connais beaucoup de femmes qui me disent qu’un homme chauve c’est très sexy. Quand une femme perd ses cheveux, on relie ça forcément à la maladie. Je ne connais pas grand femme qui se rase la tête pour une question d’esthétique… à moins d’être la mannequin Eve Salvail. Les femmes ont une représentation plus holistique de leur corps que les hommes. Elles voient leur corps comme un tout : si une partie est affectée, tout le corps l’est. Bien sûr, la féminité ne se situe pas que dans les seins ou les cheveux. Comme le dit Dahlem Marjorie (Cancer du sein et féminité en soins palliatifs) : « La féminité est un état d’esprit. Chaque femme se réinvente sa propre féminité après chacune des étapes de sa vie ».

Mais comment réinventer une féminité qui est déjà ébranlée à une étape de vie où le corps subit des effritements continus? J’en sais rien présentement. Bien que le cancer soit une maladie terrible, la perte de cheveux liée aux traitements médicaux est, la majorité du temps, temporaire. Dans le cas de l’alopécie, elle est permanente et s’étale sur une longue période. C’est comme un deuil qui ne se résorbe jamais, un constant rappel d’une lutte interminable qui se joue, une peine immense qui vous rebondit en pleine face à tous les matins. La perte de quelque chose d’important pour soi est un déclencheur de chagrin. La perte de cheveux est une remise en question de la femme par rapport à sa féminité car c’est son symbole qui en est atteint. Pour beaucoup d’entre elles (dont je fais partie), l’alopécie est jugée pire que la perte d’un sein.

Donc, depuis un mois c’est l’hécatombe. J’ai tellement perdu de cheveux qu’ils ne sont plus dignes d’une mise en plis. Ma principale activité en dehors du travail est d’aller à la chasse des boutiques spécialisées pour trouver foulards, turbans, chapeaux. Cette semaine, j’ai passé à une étape importante : j’ai fait l’acquisition d’une perruque qui, j’en ai bien peur, ne sera pas un palliatif temporaire mais permanent. Parce que dans mon cas particulier (i.e. alopécie), personne ne peut me garantir que, passés les effets de l’anesthésie (qui peuvent s’étirer jusqu’à un an), mes cheveux repousseront suffisamment pour être présentables. C’est comme si l’anesthésie avait réveillé la calvitie et qu’elle reprenait le temps perdu. Il y aura bien repousse de quelques petits cheveux folâtres mais entre vous et moi, ressentez-vous ce grand frisson de bonheur devant l’image invoquée??? Ne me demandez pas mon avis…

Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous conte tout ça? Ce n’est pas pour attirer la pitié, Dieu m’en garde!! C’est que bientôt j’apparaîtrai sur des photos de voyage. Les photos c’est comme un miroir… La majorité de ceux et celles qui me connaissent savent que j’ai toujours détesté avoir quelque chose sur la tête. J’ai jamais eu une tête à chapeau, comme on dit et soudain, on me verra sûrement avec ma perruque,  un turban, un foulard, qui sait…  C’est pas toujours des plus chics…  Une amie m’a déjà dit lors d’un passage à vide : « Tête haute, ma belle ». Alors, c’est ma façon d’affronter ma destinée.

Je pensais être en rémission mais c’était juste une accalmie. Je vis une rechute (le mot est juste!) mais je veux pas passer mon temps à pleurer sur mon sort. J’en suis pas encore là mais c’est mon souhait le plus cher. Le Capitaine me dit qu’il m’aime et j’espère que je serai encore attrayante à ses yeux. L’amour prend un autre visage…

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j’entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
(Charles Baudelaire, 1869. Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose).

Le jour J pour: JE suis égoïste….

Ça y est, nous y voilà enfin ! Un parcours qui s’achève après presque 4 ans d’attentes et d’espérances souvent déçues. Lundi sera le jour J. Je me suis fait discrète ces temps-ci. Certains ont pu voir le décompte sur ma page Facebook, qu’un décompte et rien d’autre. Lundi, il y aura un événement important pour moi : la fin d’une vie, le début d’une autre, les deux, c’est selon…

Difficile de dire comment je me sens présentement. Je suis morte à tellement de choses dans cette vie-ci qu’il me semble que je ne suis plus en deuil de rien. Disons que je me sens en mutation. La chenille qui se transforme en papillon ne perd pas de temps à pleurer lorsqu’elle sort de son cocon ; elle fait ce qu’elle a à faire, point.

J’ai mené ma vie comme tout le monde : batailles, défis, accalmies… succès, échecs, accalmies… la routine, quoi ! A 50 ans, l’hérédité m’a rattrapée. La ménopause a apporté son lot de problèmes mais avec une prime : la boîte de Pandore dont je parlais dans mon article du 2 février dernier. Je vous passe sous silence toutes les actions que j’ai entreprises pour contrer les problèmes de santé qui s’accumulent, me rendant de plus en plus à risque. Le tour du jardin était fait. J’ai donc pris une décision qui m’a menée à ce que je vivrai lundi : une plicature gastrique. Pour ceux et celles qui n’ont aucune idée de ce qu’est ce type d’opération, je vous invite à regarder cette petite animation 3D : http://www.youtube.com/watch?v=sbQxotHYYAk&feature=related

Qu’on se le tienne pour dit : je n’ai jamais cherché l’approbation pour tout ce que je fais. Ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Ce n’est donc pas pour ça que j’étais discrète. Si je n’ai pas vraiment écrit mes états d’âme sur mon blogue (quoique j’aurais pu le faire pour moi-même), c’est que je ne voulais pas que le négativisme, l’ignorance ou les peurs de certaines personnes me contaminent. Au début, j’ai eu, en effet, toutes sortes de réactions. Quelqu’un m’avait dit : « J’aurais tellement peur des conséquences si on me jouait là ». J’avais répondu que j’avais plus peur de devenir aveugle et amputée comme mon père que de me faire opérer. En d’autres mots, il est vrai que l’hérédité m’a rattrapée mais l’hérédité n’est pas une fatalité. Une autre personne m’a dit : « T’as pas besoin de ça, la vie t’a faite ainsi ». Non, la vie n’aurait pas voulu que je souffre constamment et que j’aboutisse là : désespérée. La vie nous a fait d’espoir et cette solution est un espoir de plus. Alors, j’ai cessé d’en parler. J’ai gardé ça pour moi et quelques privilégiés, comme un grand secret. Une collègue qui l’a su dernièrement (parce que je vais être absente pendant un mois) m’a fait la remarque suivante : « Mon Dieu, j’aurais jamais soupçonné tous tes problèmes de santé. Tu es toujours souriante, positive ! ». Pouvais-je faire autrement ? Me plaindre constamment ? La vie continue… pour tout le monde. Il faut la gagner et non la perdre, dit-on.

A l’abri des regards indiscrets, j’ai beaucoup pleuré dans ma vie mais rarement demandé quelque chose « à l’univers » (pour utiliser l’expression populaire). Et là, je l’ai eue. Parce qu’en arriver là passe en premier par un constat d’échec. Les gens qui subissent ce genre d’opération (la mienne étant la plus « légère »), ne sont ni inconséquents, ni paresseux, ni stupides, ni fixés sur l’image d’un corps idéal. Quoi qu’on en pense, ils se soucient de leur santé, ont mené de dures batailles, ont eu peu ou pas de répit. Ils voient leur santé se dégrader lentement comme un cancer, comme une longue marche vers la mort. Ces gens souffrent et les nombreux échecs accumulés ne font que les vider de leur essence. Personne n’a dit que la vie était une longue partie de plaisirs mais elle ne peut pas être que souffrances continuelles ! Peut-être que je n’aurai jamais cette sérénité « à la Mère Térésa » pour transcender ces épreuves et y trouver de la joie. Dans cette vie-ci, je suis incarnée et tous les instants me le rappellent.

Doutez de vos préjugés, questionnez-les régulièrement. Pour avoir entendu des dizaines de commentaires de mes voisines de salles d’essayage chez Penningtons ou Addition Elle, je peux vous dire que pas une femme n’est heureuse d’être là à ce moment-là. Imaginez une vie ! Et pour beaucoup d’hommes, ce n’est guère mieux, même s’ils en parlent moins.  Doutez de vos préjugés, questionnez-les régulièrement.

Perdre du poids ne se résume pas à une simple question de volonté, ni de rigueur. Pour avoir essayé tant de régimes, de programmes d’exercices et de façons de voir la vie, pour avoir essayé tant de fois, « cent fois sur le métier remettre son ouvrage », je pense que ces gens vous battent en volonté et en rigueur. Il ne s’agit pas non plus d’une lubie à se soumettre aux injonctions esthétiques de notre société. Pour beaucoup, il y a longtemps que ces gens ont fait le deuil de cette fameuse image irréaliste. La réalité, ils l’ont à tous les jours dans leur miroir. Réalité si hurlante au point qu’il est impensable que vous ne l’entendiez pas. Toutes les pentures de leur corps crient. Ils sont enfermés dans un corps qui est devenu un tombeau. Ne pensez-vous pas qu’ils le savent déjà ?

J’aurai 56 ans dans 2 semaines. Je m’offre un cadeau pour la vie. C’est mon choix, pleinement assumé. Parce que justement, je veux voir grandir mes petits-enfants, je veux voir vieillir ma fille en beauté et en sagesse. Je veux encore me mirer longtemps dans les yeux de mon amoureux qui me disent que pour lui, je serai toujours belle. Je vous livre un grand secret : je suis égoïste, je fais tout ça pour moi-même !

Tel le papillon que j’ai de tatoué dans mon dos, je suis en transformation, en mutation. Ce qu’il en résultera, je n’en sais rien. Pour preuve, je ne me suis pas fixé de nombre de kilos à perdre. Juste un IMC raisonnable, un IMC qui pourra freiner la progression de certains problèmes de santé dont j’ai hérité. Car je suis réaliste : cette opération n’est pas un miracle, elle n’éliminera probablement aucune des maladies. Je souffrirai encore, j’aurai des restrictions alimentaires, je devrai faire preuve de rigueur et de volonté (mais ça, c’est la routine, bon). Mais il y aura des bénéfices et des moments d’accalmie plus longs. Ce sera ça de gagné.

Mais tout comme Ginette Reno le disait dernièrement, je déteste ces mots : perdre et gagner. Pour elle, ces 2 mots, c’est la même chose. Parce que lorsqu’on gagne et lorsqu’on perd quelque chose, il y a toujours un deuil à faire d’un autre quelque chose qui vient avec ça.

Dans ce long processus, il y a deux personnes en particulier que j’aimerais remercier. La première est une rencontre qui a été déterminante pour moi, Audrey, tu es une de ces rares personnes dont le passage laisse des marques et le déclic de ma démarche, je te le dois. Grand merci pour tes encouragements, ton positivisme et pour avoir alimenté le feu de mes espoirs. Je suis fière d’être membre du club !

Et il y a le chéri, le Capitaine par qui j’ai appris à ajuster mes voiles au fil du temps. Nous avons passé tant de tempêtes ensemble… Une phrase simple : Je t’aime.

 

Femme de marin 2012-1: Dr. Jekyll et Monsieur Hyde

Je fais souvent ce rêve étrange : je suis nue, entourée de gens qui n’en font pas de cas. Au début, je panique, je cherche à me cacher, à dissimuler les parties les plus intimes, les plus incongrues de mon corps. Mais pour les autres, tout semble normal même si je ne leur ressemble en rien. C’est que je me comporte comme si tout était normal, du moins j’essaie. Je tente de ne pas montrer que je suis paniquée. Ainsi, je crois que je n’attirerai pas les regards.

Cacher ce qui m’est apparu pendant longtemps le plus laid. J’arrive encore aujourd’hui à faire ça, brillamment, sans broncher, si je le veux. Mais voilà, ça me tente de moins en moins et çà, ça me cause parfois un problème. Un problème, oui, parce que lorsque je dis ce que je pense, je ne fais pas dans la dentelle. Ça sort direct et lorsque je pense que j’ai fait bien attention pour choisir mes mots, je me rends compte que j’ai affaire à des petites natures qui m’ont trouvé pas mal raide! Dire ce que je pense m’amène indéniablement au pilori. Cent ans de solitude pour le prix d’une conscience éclairée, comme une condamnation d’avoir senti et vu l’essentiel! Peut-être, au fond, les gens veulent qu’on leur dise ce qu’ils veulent bien entendre. Ou peut-être que je représente une menace quand ils se rendent compte que je vois ce qu’ils ne veulent pas montrer. On joue au chat et à la souris.

C’est comme ça dans bien des domaines de la vie : les amours, la famille, le travail…. Cibles d’un instant, on a tous et toutes été laissés pour compte sur un champ de bataille, un moment donné. Alors, on apprend à tirer des flèches…, parce qu’il y a toujours un « gosseux d’écorce » dans notre entourage. Vous savez, le genre de personne qui a l’art de faire sortir le M. Hyde en vous, ce côté monstrueux!

C’est un matin léger, il fait doux dehors, pas trop humide ni trop chaud. Vous arrivez au boulot l’air guilleret (pour une fois que vos os ne vous font pas trop mal!). Vous saluez tout le monde et vous vous préparez à votre prochaine réunion à laquelle vous allez d’un pas alerte et confiant.

Soudain, elle est là, cette personne qui, par vous ne savez quel stratagème, réussit à chaque fois à vous bousiller votre journée et votre humeur en claquant simplement des doigts, quand infailliblement elle ouvre la bouche et débite une insanité. Il y a tellement de prétention dans ses propos et vous détestez les gens prétentieux. Non pas les snobs comme on se plaît à le penser, mais plutôt les gens qui prétendent à quelque chose sans être capables de livrer. Déjà, donc, cette pompeuse d’énergie a vidé toutes vos épargnes de pensées zen si durement accumulées avec le temps. Ça ne vous a pas pris par surprise parce que vous avez depuis longtemps détecté les signes avant-coureurs d’une telle manœuvre (de toute façon, elle est plutôt prévisible puisque c’est devenu sa marque de commerce), mais à chaque fois ça vous met en rogne. Pourquoi elle?

C’est pas l’envie qui vous manque de lui siffler une de vos réparties entre les dents (un cobra ne ferait pas mieux), ou encore d’appuyer sur la paume de votre main droite, laissant se déployer une à une vos griffes de panthère pour lui tatouer dans le visage. Peu importe la méthode utilisée, votre réponse sera à la hauteur de vos exaspérations devant ses niaiseries : un tsunami émotif!!!! Un sluggage en bonne et due forme! Zénitude assurée sur le coup, mais à long terme….

Batinsse que j’ai de la misère à doser mes exaspérations quand ça m’arrive, surtout lorsque je vois quelque chose de l’ordre de la victoire dans les yeux de l’autre!  Je suis tour à tour affligée d’une myopie, d’une hypermétropie et d’une presbytie de l’humeur selon l’occasion, ce qui nécessite des ajustements réguliers. Heureusement, Serge, en fidèle amoureux et ami, devient l’optométriste de mon champ de vision existentiel. Ah, mon amour, « comment oublier que c’est par toi que ce sont ajustées mes voiles pour le vent »![1]

Lui qui est plutôt impétueux de nature,  m’amène à doser mes réactions face à certaines situations. De toute façon, ai-je eu le choix d’en arriver là? Le corps ne suit plus devant ces soubresauts émotifs et l’énergie que ça demande pour gérer la colère et la frustration. Quand la cinquantaine frappe à votre porte, que l’usure du temps et des espoirs déçus joue du clavecin sur les pentures de votre cœur et de vos articulations, on se surprend à mettre une petite laine sur ses espoirs frileux. Il faut tempérer l’atmosphère, sinon…

Dans les moments où j’ai l’impression que mon jardin se givre, Serge, en parfait paradoxe, pose sa belle main sur mon âme et la réchauffe. Amour tranquille mais pas platonique!

Donc, victoire pour moi-même cette semaine : j’ai réussi à changer mon discours devant une de ces personnes pompeuses d’énergie. J’ai attendu patiemment que mon tour arrive, écoutant ses litanies durant presque une heure. Quand ce fut mon tour, j’ai été concise, calme et j’ai mis l’accent sur des aspects qui étaient tout sauf personnels. Surprise : la « pompeuse » n’a rien dit! Flatline —————————. Faut dire que tous les autres m’approuvaient, mais bon…

J’ai appris quelque chose de nouveau: non plus cacher l’essentiel de soi, mais les poignées par lesquelles les autres vous tirent vers le bas. Comme on dit souvent, vais me coucher moins niaiseuse ce soir 😀


[1] Suzanne Lamy, La convention.

Paix, joie, santé, bonheur…

Quand j’étais plus jeune, j’ai travaillé environ 10 ans dans un service d’entraide dont les bureaux étaient à l’intérieur d’un Patro. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un Patro, c’est un genre de centre communautaire dirigé par les religieux de St-Vincent-de-Paul. Ce centre offre des services de toutes sortes et pour toutes clientèles . Un de ces religieux aimait écrire dans les cartes qu’il donnait : Paix, joie, santé, bonheur, peu importe quelle était l’occasion. C’était devenu un running gag : dès qu’on recevait une carte de Claude, on pouvait en citer le contenu sans même l’avoir ouverte.

Tout au cours de ma vie, j’ai souvent repris cette phrase un peu par ironie, sans trop penser à ce que ça voulait dire vraiment. C’était un peu comme lorsqu’on dit en levant son verre : « On se soutient, on se tient saouls »! Mais on dirait qu’un vieillissant, ces paroles prennent enfin un sens.

Peut-être est-ce parce lassée de se confronter à ses  guerres intérieures, on finit par choisir ses batailles et par connaître le sens de la paix. Peut-être qu’après avoir tant pleuré à force d’avoir enterré une à une ses espérances déçues, on finit par grandir et par faire d’un petit rien une joie qui apaise. Peut-être qu’à accumuler maladie sur maladie, qu’à voir notre corps abdiquer, s’empâter, jouer une symphonie à chaque fois qu’il se déplie, on finit par apprécier le simple fait qu’il nous foute la paix ne serait-ce que 5 minutes et qu’alors on se sait en santé. Et peut-être  qu’on arrive à reconnaître le bonheur quand on sait que quelqu’un reste à nos côtés, à nous tenir encore la main malgré les jérémiades, les douleurs et l’incapacité. Un regard aimant fait toute la différence.

Moi, la « moyenne » voyageuse, je pourrais vous nommer des tas d’endroits où la beauté transcende tout le reste, où il serait si facile de dire « Voilà le bonheur », en se berçant sur son voilier, un verre de bulles à la main, loin de tout. Mais le bonheur a plusieurs visages. De tous les visages que j’ai vus, c’est celui-là : la maison, que je préfère. Parce qu’elle y contient les gens que j’aime.

Claude, au bout du compte, était plus sage qu’il le laissait croire…

23 décembre…. Je suis dans cette maison que j’aime. Cette maison encore en rénovation, qui, jour après jour, se construit doucement par des gens de cœur. Je popote avec ma fille, j’entends mon chum à l’étage qui rit de bon cœur avec le chum de ma fille. La chatte est assise devant la porte patio et tente d’attraper les gros flocons qui tombent dehors. Un tapis de neige se forme lentement.Le sapin est allumé et je crois que c’est Bing Crosby qui chante Jingle Bells. Bonheur….. La vie suit son cours.

Et vous, quelle signification donnez-vous à Paix, joie, santé, bonheur? C’est important que vous le trouviez pour vous-mêmes parce qu’en cette veille de 2012, c’est ce que je vous souhaite…

Femme de marin 2011-4: Merci, Marc Hervieux!

Ceux et celles qui me connaissent intimement savent 2 choses sur moi. La première est que je suis «zéro-groupie » de qui que ce soit; les gourous de sectes auraient de la misère avec moi (mais ça, j’y reviendrai plus loin).

La deuxième chose est  que je ne suis pas une grande fan des artistes francophones. Ben oui, c’est comme ça! Non pas que je les déteste, il m’arrive de les écouter à l’occasion à la radio. Quelques chanceux (Isabelle Boulay, Marie-Jo Thério, Bernard Lavilliers, Corbeau, Bashung et j’en passe) font partie de ma bibliothèque musicale, la majorité des titres francophones appartenant plutôt à mon chum. C’est juste qu’étant née dans les années cinquante, ma culture musicale me provient des Américains. Je suis une petite fille du Heavy Metal : Judas Priest, Metallica, Iron Maiden, Ozzy Osbourne,  entre autres, font toujours partie de ce que j’écoute régulièrement. Je peux vous dire que les matins de ménage,  ça torche!!

J’ai tout aimé, ou presque : The Who, les Rolling Stones, Led Zeppelin, Aérosmith, Jethro Tull, Black Sabbath, Genesis, Deep Purple, Neil Young, Joe Cocker, Soundgarden, Stone Temple Pilots, Yes, et combien d’autres…

J’ai tout écouté: Disco, Soul, New Wave, Electro Pop, Folk, Blues, Hard Rock, Rock progressif, Punk, Rock alternatif, name it! J’ai parfois même flirté avec le Country. C’est pour ça que j’aime CHOM-FM. Le jour où la station fermera ses portes, je serai en deuil.

Non, je ne me suis pas enfuie à Woodstock (j’avais 13 ans à l’époque), mais j’ai écouté suffisamment de musique pour savoir non seulement les paroles, mais aussi me rappeler les riffs de guitares de certaines chansons comme Highway to hell de AC/DC ou encore Smoke on the water de Deep Purple.

J’ai dirigé mon amour vers ce genre de musique parce que c’était l’époque, certes, mais probablement en partie à cause du style musical qui sévissait chez nous. Mon père avait une collection impressionnante de musique de films, mais surtout de classique et d’opéra, styles qui, à l’époque, n’apportaient aucune résonance en moi. C’était possiblement une façon de m’opposer subtilement à un père dont l’ego occupait toute la place dans une maison où j’avais souvent l’impression que les enfants étaient de trop…. Dans un monde où toute individualité était étouffée, le Heavy Métal faisait vibrer en moi des cordes que je croyais déjà mortes à un si jeune âge. Mon père imposait ses genres musicaux dans la maison, je contrebalançais avec les miens dans l’intimité. La musique sauve parfois. M’enfin… point n’est sujet à psychanalyse ici.

Tout cela pour dire que les années ont passé. Étant aussi baignée dans la musique francophone, il est normal que ces chansons se soient incrustées dans ma tête comme un ver d’oreille et je fais régulièrement rire mon chum qui n’en revient pas que je puisse  connaître (presque) toutes les paroles des chansons que je m’amuse à fredonner lorsqu’elles passent à la radio ou lors d’un spectacle que nous allons voir.

Samedi soir. Théâtre de la ville à Longueuil. Spectacle de Marc Hervieux « Après nous ». Hey oui, Marc Hervieux! Tellement sympathique, le bonhomme, pas prétentieux pour 2 sous, le genre de gars qu’on aimerait avoir à sa table un soir de fiesta. Le genre de surprise qu’on aimerait voir apparaître à côté du sapin, un scotch à la main, foulard dans le cou, nous chanter Minuit Chrétien, histoire de faire vibrer la baraque en cette nuit de Noël. Mais comme il y a fort à parier que Marc ne viendra pas chez moi le 24 au soir, c’est donc moi qui suis allée l’entendre.

Rares sont les chanteurs qui m’ont bercée, impression douce-heureuse lorsque je fermais les yeux, surprise de me balancer d’un côté à l’autre sur mon siège en tenant la main de mon chum. Après vous avoir énuméré tous les groupes que j’ai toujours écoutés, je vous imagine, un petit sourcil soulevé d’étonnement à l’idée de savoir où j’étais hier soir. C’est parce que tout est dans la voix  qui fait vibrer à nouveau l’intérieur. Ma fille dit souvent que tel plat goûte le bonheur. Sachez que ce bonheur a aussi un son…

L’artiste est vivant, généreux, chaleureux, drôle, L’étendue de ses choix musicaux étonne, ravit : Aznavour, Jean-Jacques Goldman, Jean-Pierre Ferland, Luc Plamondon. On y va d’un petit I feel good de James Brown, It’s not unusual de Tom Jones. Une comique imitation de Eric Lapointe, Mille après mille de Willie Lamothe, mais aussi du Andrea Bocelli (Vivo per lei), des tounes comme Always on my mind ou encore Save the last danse for me. Il pousse même un Torna O Surriento a cappella, rien de moins! Quant à Marco Calliari qui me tombe royalement sur les nerfs, Marc Hervieux peut se vanter de m’avoir fait bouger sur ma chaise lorsqu’il a interprété 2 de ses chansons, soit Bella Ciao et Americano. Surprenante également la chanson J’ai un bouton sur le bout de la langue de La Bolduc, en exemple à son idée d’ « opératiser » des chansons populaires (une blague, bien sûr). Et aussi une chanson de Luc Plamondon, Si tu me revenais, qui était particulièrement touchante dans la simplicité des mots pour dire combien on pourrait faire les choses différemment. Les arrangements des musiques m’ont fait aimer certaines chansons qui me laissaient, autrefois, indifférente.

Le plus étonnant de tout ça était de voir aussi certaines femmes autour de nous, dont l’âge avait largement dépassé la cinquantaine, crier comme des malades, des fans finies, se tenant les côtes, overreact lorsqu’il lançait une petite blague. Bon, c’est drôle mais quand même!!!! Le chanteur a forcément un charisme très fort pour ramener ces femmes à un comportement adolescent (un peu énervant, je dois l’avouer)! J’ai beau avoir adoré certains groupes rock, je n’ai jamais été une groupie pour qui que ce soit, je n’ai jamais crié lors d’un spectacle, plutôt observatrice, stoïque sur mon siège, ben plate la fille!!!

Pas groupie, certes, mais je me suis rendu compte que ma culture musicale était pas mal plus étendue que je l’avais pensé, que cette culture m’a permis de passer au travers du temps, qu’elle me ramène à certains souvenirs qui m’ont forgée et qui ont fait que je suis la personne que je suis aujourd’hui. Oui, on m’a imposé des musiques différentes dans ma jeunesse, mais cela m’a permis d’offrir à ma fille son premier opéra lorsqu’elle a émis le fait qu’elle aimerait en voir un. C’est avec émoi qu’au troisième acte de Madame Butterfly, lorsque celle-ci décide de mourir avec honneur, nous nous sommes tenues la main en sanglotant.

Ce moment de grâce vous était offert par mon père…

Hey oui, car c’est à lui que je dois l’étendue de ma culture musicale, mes états d’âme (que ça lui ait plu ou pas). C’est, somme toute, un bel héritage. Étrangement, lorsque j’imagine les moments forts de ma vie, ce n’est jamais les mots qui les traduisent le mieux émotivement, ce n’est pas de cette façon qu’ils me reviennent en mémoire, mais par le biais d’une musique quelconque qui me fait voyager. Le pire serait, au fond, de devenir sourde.

Et cette chanson, A mon père,  de Marc Hervieux (Merci!) qui me trotte encore dans la tête :

Oui, je m’ennuie depuis ton départ

De ton sourire et de ton regard

Plus vrai que l’absence et les souvenirs

Tu vis au fond de moi

Tout autour de moi

Même si le ciel t’a emporté

Tu ne m’as jamais vraiment quitté

 

J’ai l’impression que tu as guidé

Tous les bonheurs que j’ai rencontrés

L’amour, la musique…. Le plus beau de moi…..


Fin de semaine aux States

Nous revenons d’une superbe fin de semaine aux States, plus particulièrement dans l’État de New-York, à la marina de Treadwell Bay, non loin de Plattsburg. Serge a un ami qui possède la même sorte de bateau que le nôtre, soit un Maxi 95. Le « petit cousin » porte le nom de ZZZAP. Bizarre d’embarquer sur un bateau qui est le sosie du nôtre mais à l’intérieur duquel je ne retrouve rien de pareil et rien à la même place. Un peu schizophrénique comme feeling….. Une sorte de dédoublement de la personnalité. Hiiiiiiiiiiiiiiiii……..

Nous avons été faire une petite incursion à Burlington, endroit que j’ai toujours affectionné pour son côté « Angleterre », son atmosphère agréable et sa joie de vivre. Je n’y avais pas mis les pieds depuis 5 ans et j’ai éprouvé un bonheur tranquille à l’idée que rien n’avait vraiment changé.

Je vous laisse sur quelques photos.

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Je lézarde…

Avez-vous déjà fait ce rêve où vous tentez d’avancer, le temps presse mais en fait, plus vous avancez, plus vous reculez? Il me semble que l’automne qui vient me laisse dans cet état dont je ne sais trop comment sortir.

Il faut que je m’active mais je lézarde… En langage québécois, on dirait : « je me pogne le cul », ce qui signifie que je ne fais pas grand chose.

Oh, ce ne sont pas les activités qui manquent car depuis que le Capitaine est revenu, il n’y a pas grand place pour la farniente et les weekends sont déjà bien remplis. Je suis en pleine production de nouvelles toiles et j’attends que les rénovations dans la maison soient terminées pour reprendre le collier de la production de mosaiques.

Au travail, c’est déjà la rentrée et cela signifie que les mêmes vieux problèmes qui ne trouvent pas de solutions réapparaîtront comme par magie, et il nous faudra encore faire preuve de créativité et d’imagination pour satisfaire tout le monde. Comme je suis quelqu’un de pragmatique, cela ne devrait pas être trop difficile de pallier aux urgences. Cependant, le cœur y est moins, beaucoup moins…., et je lézarde.

Je tarde à finaliser mon dossier artistique pour proposer à certaines galeries et au Conseil des Artistes Québécois mais je traîne la patte depuis 2 mois et je n’arrive pas à savoir pourquoi. J’accumule toiles et mosaïques dans le sous-sol et il commence à n’y avoir plus de place pour les ranger. Je le sais, chéri… J’ai même songé à faire une vente à rabais de mes œuvres mais un côté de moi me dit que je ne peux dénaturer mon travail de la sorte.

Autrefois, écrire a été une forme d’auto-thérapie qui m’a vidée de mes énergies physiques, même si j’ai réussi à gagner un prix littéraire et dénouer bien des nœuds de mon existence. Quand ce fut fait, le « génie de l’écriture » s’est enfui vers d’autres cieux et j’ai dû trouver une autre forme de créativité qui puisse combler ma vie. La peinture et la mosaique se sont imposées d’elles-mêmes et sont devenues des lieux de création spontanés, libérateurs et hors de toutes contraintes. En conséquence, tout le côté administratif de la chose (organiser une exposition, vendre mon talent, etc.), tout cela me rebute car c’est complètement à l’opposé de ma nature. C’est d’une difficulté qui est du même ordre que lorsque j’ai débuté dans le métier de l’orientation et que je voulais faire du privé. Il faut toujours se vendre quelque part…. Maudit, que j’hais ça!! Je procrastine, je me dis que je m’occuperai de ça demain…

Bien souvent, on investit dans l’art quand on croit qu’il nous aide à vivre, que l’artiste est connu et qu’on a de l’argent à y mettre, autrement, on le félicite…. Ce qui fait problème pour le moment n’est ni l’atteinte de ce but, ni le médium choisi pour l’atteindre, mais la diffusion at large du médium…..

A ma défense, je dirais que c’est comme une distance nécessaire à prendre pour ne pas me tirer dans le pied avant le passage à l’acte dans un projet. Ce qui veut dire que je vais sous peu faire quelque chose pour qu’il se passe quelque chose, mais en attendant, je lézarde…

« Ce n’est pas seulement parce que dans l’âme de l’artiste le rôle joué par le sentiment est prépondérant et dominateur ; c’est surtout parce que chez lui le sentiment est affranchi du besoin, du désir, de tout but égoïste et intéressé : il déborde le cadre de l’étroite individualité humaine pour se mettre en harmonie avec la Nature tout entière. L’âme de l’artiste vibre à l’unisson de tout ce qui vit, pense et souffre dans l’Univers et, ainsi, elle entre en relation immédiate avec l’essence intime et profonde des choses. Aussi les images concrètes qui constituent, les matériaux de l’imagination reproductive se transforment-elles dans le génie créateur de l’artiste, par une sorte de chimie mentale mystérieusement subtile, en des images symboliques, où s’expriment, non plus des sensations affaiblies et des souvenirs, mais des formes nouvelles et originales, représentatives ,de l’Idée et dont la signification acquiert de ce fait une portée universelle. Dans la création esthétique l’Idée se revêt d’images pour devenir symbole. (…) En ce sens, l’art est à sa manière une philosophie, qui procède, non par concepts, mais par intuitions et qui s’adresse, non plus à la raison, mais au sentiment. Et c’est pourquoi précisément la leçon qui s’en dégage est à la fois si pénétrante et universelle : elle touche notre coeur et parle à tous les hommes. L’artiste ne nous enseigne pas d’autres vérités que le philosophe ; mais il nous les enseigne autrement. Ou pour mieux dire, il ne se propose pas de nous instruire, mais la beauté de son oeuvre est assez éloquente en soi pour que, à la contempler, notre pensée découvre des horizons infinis où l’essence de l’être se communique directement à nous dans le symbole esthétique. » (Gabriel Huan, La signification de l’art)