Femme de marin 2013-38: Chérie, laisse faire la vaisselle… tu la feras demain!

Le nom de Sheryl Sandberg vous dit quelque chose? Cette dame vient de commettre un livre qui s’intitule « En avant toutes »,  suite de témoignages, de réflexions, de statistiques et d’anecdotes  sur l’évolution de la place des femmes en milieu de travail. Son constat est simple : les femmes sont plus diplômées que les hommes mais ce sont eux qui sont encore massivement au pouvoir. Madame Sandberg souhaite renverser la tendance et sur ce plan, on ne peut pas être contre la vertu!

Il faut dire que beaucoup de mouvements féministes la critiquent, l’accusant de ne s’intéresser qu’aux femmes cadres diplômées issues des milieux favorisés, loin de préoccupations de madame-tout-le-monde souvent seule pour élever les enfants. Bien sûr, Madame Sandberg ne s’est pas laissée déstabiliser et dit qu’il faut commencer par les femmes les plus visibles.

Relativisons les choses….

Le salaire de Madame Sandberg a été en 2011 de 30,8 millions de dollars, tandis que son mari, Monsieur David Goldberg, PDG de Survey Monkey, ne doit pas gagner des peanuts non plus et être payé au lance-pierres.

Les femmes les plus visibles sont forcément les mieux nanties financièrement (puisque rendues à un niveau appréciable de visibilité), donc capables de se payer des services à la maison pour pallier à leurs nombreuses absences et obligations professionnelles. Malheureusement, je ne crois pas qu’avec un salaire de 30,8 millions de dollars par an et toutes les responsabilités qui incombent à son poste, Madame Sandberg partage tant de tâches ménagères que ça avec son mari (ce qu’elle dit faire équitablement à la maison avec lui). C’est comme Céline qui dit que ce qui la détend le plus c’est de faire un bon pâté chinois à son René!!! On s’entend-tu qu’elle doit pas se faire suer souvent au-dessus du fourneau!!!

Madame Sandberg fait aussi référence à son temps limité dans ce projet  d’écriture et remercie son « ghost writer » Nell Scovell, pour avoir écrit la majorité du contenu à sa place. À cause de son temps limité, on peut aisément supposer qu’elle a aussi un « ghost helper » à la maison. Comme elle dit, les femmes ne peuvent pas tout avoir et les hommes n’ont pas ce problème. Du moins, beaucoup moins, quoi qu’on en dise.

Madame Sandberg recommande vivement aux femmes «d’allier gentillesse et insistance» dans leur demande d’augmentation de salaires ou de promotions. Ça, ça marche pas quand on est syndiqués… En passant, l’expression « gentillesse et insistance » m’agace. Devinez pourquoi!

A 17 ans, j’ai souhaité une société plus évoluée… Quarante ans plus tard, certaines choses ont évolué mais il y a toujours un prix élevé à payer pour les femmes qui veulent mener de front famille et carrière. Si les choses n’ont pas évolué plus vite que ça, ce n’est sûrement pas parce que les femmes n’ont pas assez voulu (du genre : « quand tu veux, tu peux » – formule réductrice, à mon avis).

Il existe une dimension que Madame Sandberg ignore probablement, à savoir certaines théories sur le développement de carrière des femmes (Cook, Gallos, Gilligan, Belenki , et j’en passe). Ces théories se résument à trois points essentiels[i]:

1)      La dimension relationnelle teinte la formation de l’identité des femmes et se situe au cœur de leur cheminement vocationnel;

2)      Les femmes anticipent et construisent leur avenir de façon globale et non compartimentée;

3)      Leur parcours vocationnel (cohérent avec les deux premiers points) suivra une ligne sinueuse, créatrice et intégratrice des différentes sphères d’activités de leur vie.

Ces théories ont été développées dans les années 90. Vingt ans plus tard, elles sont toujours aussi réalistes et encore plus collées à la réalité du marché du travail puisque les femmes y sont plus actives et instruites. Leurs choix professionnels se font toujours à partir de ces 3 prémisses, simplement parce que ce sont les femmes qui entendent toujours leur horloge biologique sonner (ai-je envie d’avoir des enfants ou non?), c’est elles qui les portent. Pour ce qui est de les élever, oui, il y a de plus en plus d’hommes qui s’impliquent mais il demeure que la charge est encore une grande responsabilité associée à la mère. Des hommes qui élèvent seuls leurs enfants, c’est encore une denrée rare.  Madame Sandberg souligne que pour allier famille et carrière, les femmes doivent recevoir le soutien dont elles ont besoin au travail comme à la maison. Je crois que les fils doivent être élevés différemment, non seulement par les mères mais par les pères sinon le soutien se bornera à lui dire de se reposer et de faire la vaisselle plutôt demain…. À moins que vous ayez les moyens de vous payer une aide-ménagère. Je travaille aussi dans un milieu majoritairement occupé par des hommes et croyez-moi, c’est pas gagné!

Et pour ce qui est du parcours sinueux, vous croyez que cela se résorbe quand les enfants sont partis de la maison? J’ai des petites nouvelles pour vous…. Je suis à 6 ans de la pré-retraite et je suis confrontée à la maladie de ma mère qui ne veut rien savoir d’un placement quel qu’il soit (même un petit logement pour personnes en légère perte d’autonomie). Nous ne savons plus où donner de la tête! J’ai même pensé prendre quelques mois en traitement différé ou sans salaire pour aller m’occuper d’elle, ce qui veut dire que je suis encore confrontée à mes ambitions professionnelles vs personnelles et qu’il est possible que je sois obligée de travailler plus longtemps. Il arrive un temps où les parents deviennent un peu les enfants de leurs enfants…

 Bien sûr, nous devons célébrer un message aussi motivant que celui de Madame Sandberg. Comme je l’ai dit, personne n’est contre la vertu. Mais je ne crois pas que l’égalité des chances se résume à une pléthore d’encouragements pour saisir toutes les occasions possibles. Et je ne crois pas que l’épanouissement des femmes passe obligatoirement par des postes de leadership, pas plus que je ne crois qu’une femme fait forcément un meilleur leader qu’un homme.  Parfois oui, parfois non. De toute façon, il y a toujours un prix à payer, quelle que soit la décision qu’on prend. On y laissera quelque chose. Le danger ici est de croire qu’une femme au pouvoir ferait forcément mieux qu’un homme. A mon avis, le danger du pouvoir n’est pas une question de sexe mais de mauvaise gestion au profit des intérêts personnels.

Dans un document produit par Jesse Hirsh (Sacrifier la vie privée sur l’autel du pouvoir : Les répercussions de la gestion de la réputation moderne sur la primauté du droit)[ii], il est mentionné que nos dirigeants politiques savent très bien qu’il faut sacrifier la vie privée pour acquérir du pouvoir politique et qu’ils considèrent également que la vie privée est une marchandise qui peut être rachetée lorsque les richesses liées à ce pouvoir sont acquises (!!!).

Pour ma part, l’épanouissement des femmes n’est pas qu’une simple question de carrière mais a dû bien souvent passer par des chemins plus complexes et tortueux, et n’a rien à voir avec la hauteur du sommet que vous avez atteint dans la hiérarchie.

Après toutes ces années d’ambition et de batailles, j’en arrive à me dire que mon seul regret à ne pas avoir plus poussé mes ambitions professionnelles est de ne pas avoir fait assez d’argent pour pouvoir payer à ma mère une résidence avec une multitude de services et de soins médicaux pour ne pas m’en inquiéter.  Parce que la famille et les amis, c’est tout ce qui reste quand la vie professionnelle se termine.


[i] Armelle Spain et Sylvie Hamel. La métaphore de l’arbre nouvel outil d’orientation pour la clientèle féminine. Canadian journal of Counselling/Revue canadienne de counseling, 1993, vol. 27 :3, 165-176.

Famiglia, Sex an the City

La famille est très profondément ancrée dans les traditions en Italie. Un Italien est très lié à sa famille avec qui il entretient de nombreux contacts. En affaires, un Italien préfèrera toujours traiter avec un membre de sa famille, en qui d’emblée il a confiance, qu’avec un étranger. Les maisons italiennes hébergent donc de grandes familles, les enfants recueillant bien souvent leurs parents lorsque ceux-ci se font vieux. Cette tradition a néanmoins tendance à perdre du terrain au sein de l’Italie moderne.

La mamma en est généralement le centre, elle détient une autorité conséquente et un grand pouvoir d’influence. C’est ce que j’ai pu constater hier soir lorsque j’attendais que parte le petit train dans lequel j’étais tranquillement assise à observer les alentours et le comportement des gens qui passaient quand soudain, mon regard fut attiré par un événement que je n’avais jamais vu. Une femme d’environ 65 ans se tenait au coin d’une rue avec un jeune homme d’environ 30 ans. Ils jasaient quand tout à coup, elle lui a foutu une claque en plein visage, slack!, et s’est mise à le sermonner. Le type, plutôt molasson, essayait de s’expliquer. Puis, elle a sorti un mouchoir et lui a essuyé le visage. Personne autour d’eux n’a semblé faire de cas de cette situation. Ça m’a fait rire parce que jamais au Québec je n’ai vu de femme frapper son enfant de 30 ans en public! La mamma, elle avait du nerf!!

J’ai souvent remarqué en Italie et en Sicile que la mère semble effectivement détenir le gros de l’éducation des enfants. Lorsque les maris sont présents, ils ne lèvent la voix que pour calmer l’enfant ou ils le cajolent, mais la majorité du temps les hommes discutent entre eux tandis que les femmes se regroupent ensemble avec les enfants et les laissent s’agiter jusqu’à plus soif puis elles sévissent sous un tonnerre de cris. C’était un peu la même situation que je voyais en Espagne : les hommes sont plus souvent attablés aux terrasses ou dans les parcs et ils parlent, parlent, parlent… et on se demande où sont les femmes? Probablement en train de laver le linge ou préparer les repas… Nous avons trouvé quelques places pour faire laver le linge mais ce sont toujours des femmes qui y travaillaient.

Lu dans un article aujourd’hui que « les résultats d’une étude récente, “SorElle d’Italia”, commandée par le mensuel Elle [en italien] et publiée le 17 janvier 2011, disent que dans 47 % des cas, en Italie, ce qui rend les trentenaires heureuses, c’est leur relation de couple et, pour 11 % d’entre elles, le fait de se considérer comme de bonnes mères (je serais curieuse de voir les chiffres au Québec). Comme si, en l’espace d’une génération, le modèle féminin était passé de celui de Sex and the City à celui de Mad Men [série américaine dont l’action se déroule à New York au début des années 1960]. Une tendance confirmée par la mode, qui remet au goût du jour les jupes volantes et la lingerie vintage, prisées par ces “femmes modèles à l’ancienne”. »

J’ai ainsi pu constater que beaucoup de jeunes filles, dès la quinzaine, en Italie et en Sicile, portent des tops qui laissent montrer une grande partie de leur soutien-gorge, chose qu’on voit peu au Québec. Il y a eu bien sûr la mode du J-string (venue de Britney Spears, je crois) mais je pense qu’elle n’est plus généralisée maintenant chez nous. De toute façon, les écoles ne permettent pas ce genre d’accoutrement et j’en ai peu vu dans les rues de Montréal.

Les Italiennes sont fières de leur poitrine et ne manquent pas d’occasion de la montrer même si c’est parfois d’un goût douteux. C’est quand même un beau contraste pour un pays si traditionnel. Cela démontre qu’ici aussi, il y a une crise de valeurs qui sépare les générations. Beaucoup de femmes âgées de cinquante ans et plus, surtout dans les petites villes et villages, ressemblent encore à Ginette Reno dans le film Léolo. La vraie mamma italienne telle que véhiculée dans les films cultes italiens!

Je comprends un peu mieux pourquoi nous tranchons sur les Italiens dans notre habillement. Le Québec demeure encore « frileux » à exposer sa sexualité même si nous en parlons plus ouvertement que d’autres pays. Faut dire que la femme est plus louangée par les hommes en Italie qu’au Québec. Ça donne envie de s’exposer… Les Italiens démontrent facilement leur intérêt devant la gente féminine (je ne sais pas ce leur « technique » devient après le mariage, sont-ils aussi entreprenants?), alors qu’au Québec, je déplore depuis longtemps que les hommes ne savent plus « cruiser ». Pour ma part, je ne me suis pas fait siffler ici, probablement parce que je n’ai pas le type méditerranéen et que j’étais avec un homme. Je n’en garde aucune amertume car l’homme le plus important est à mes côtés présentement et il continue de me charmer après toutes ces années! Chéri, plus que 5 jours avec toi…

En passant, 35 à l’ombre aujourd’hui… fait chaud en cimonaque!