Sister est venue me voir en fin de semaine et nous avons eu une conversation intéressante sur les émotions vécues lorsqu’un des conjoints est parti au loin pour un long moment. La conversation concernait surtout l’étalage de ces émotions sur mon blogue (les chroniques concernées viennent d’être rebaptisées Femme de marin…) et de l’effet que la lecture de ces chroniques a sur certaines personnes. Sister parlait surtout de la façon dont elle recevait mes propos mais aussi des commentaires que Mother lui faisait parfois. Il faut dire aussi qu’il m’est arrivé (pas souvent, heureusement) d’avoir des commentaires d’autres personnes qui démontraient une légère inquiétude sur l’état de mes humeurs.
Peut-être que mes propos traduisent mal mon esprit au moment où ils le traversent. Bon… je ne m’attends pas à ce que tout le monde comprenne de façon empathique ce que je ressens mais je crois (déformation professionnelle) que pour faire comprendre le vécu d’une expérience, il faut en parler! J’ai toujours cru aussi que le pouvoir soulageant de se reconnaître dans l’expérience de l’autre permet de s’approprier la nôtre. Quand j’ai commencé à écrire mon blogue, j’ai cherché en premier s’il existait quelque chose de similaire sur le Net et je n’ai presque rien trouvé. Bon, c’est pas parce qu’on ne voit rien que ça existe pas! Donc, je construis à mesure, j’y vais au feeling.
Prenons les cartes marines : elles vous donnent de précieuses indications sur les sondes et la profondeur de l’eau, les dangers comme les récifs, les hauts-fonds et les épaves, la signalisation maritime et les amers. Mais en aucun temps, elles ne sauraient vous renseigner sur les conditions météo lors de votre traversée (il vous faudra un autre outil pour ça) et sur l’état de votre esprit et la force psychologique que ça vous prendra pour affronter les intempéries et les imprévus. Il en est de même pour l’expérience de vivre séparé du conjoint. On sait qu’en théorie le Capitaine reviendra et qu’on devra traverser cette attente sans lui mais les fluctuations émotives suivent le flow et ne sont jamais prédictives. Tenter de garder le cap, sans plus…
La discussion avec Sister m’avait laissé une vague impression que peut-être je faisais grand étalage de cette partie de mes émotions… J’ai donc fait un petit recensement et j’ai été étonnée. Depuis l’ouverture du blogue : 425 articles publiés. Sur ces 425, le Capitaine a écrit 57 chroniques (soit 14 % des écrits) tandis que j’ai pondu le reste soit 368 articles. Sur ces 368 articles, seulement 7 % ont été consacrés au couple tandis que le 93 % restant sont des chroniques de voyages ou d’humeur générale.
Seulement 7 %… Y a toujours ce petit moment où j’hésite entre « est-ce que j’écris ça ou non? », où je me demande si les gens vont interpréter ma nostalgie comme des sentiments forts entre deux personnes ou une manifestation extérieure que « ça va dont pas pour la pauvre Mado! ». L’idée des chroniques est de rendre compte de l’évolution d’une expérience au fil des années, sans toutefois la généraliser à toute personne qui en vit une similaire. Il s’agit plutôt de préserver son caractère unique et particulier. Qu’est-ce qui tisse un lien et le maintient? La distance renforce-t-elle ou diminue-t-elle ce lien? Quelles sont les caractéristiques des personnalités qui sont les plus enclines à supporter ce type d’expérience? Quelles couleurs prennent les concepts « éloignement », « confiance », « couple », « fidélité », « engagement » avec le temps? Très heuristique en bout de ligne…
Mais pour le moment, je suis encore dans ma phase où les contacts physiques avec le Capitaine me manquent énormément. Sa voix me manque, ses bras me manquent, ses baisers me manquent… et tout le reste me manque. La phase la plus dure jusqu’à ce qu’on se retrouve. Et le Capitaine qui m’écrit régulièrement que ça s’en vient. Isn’t that cute??
A défaut de sa présence, je viens de me taper les 5 saisons de Sons of Anarchy et j’ai jeté mon dévolu sur Tig Trager (interprété par Kim Coates, six pieds deux, les yeux bleus, ça rend heureux!) et sa Harley Davidson Dyna Street Bob 2006, superbe engin qui me rappelle certains souvenirs de jeunesse que je tairai par discrétion naturelle… Là, vous vous demandez de quel engin je parle, hein??? Petits vicieux!!!
Tig me tient compagnie… Cinq semaines encore avant que j’aille m’affaler dans une gondole à Venise à tes côtés et je te jure, Capitaine, Tig n’aura plus aucune importance!