Femme de marin 2008-3: Deux mondes parallèles

Leçon #1 pour ceux et celles qui restent à terre: deux mondes parallèles s’échafaudent. Le stress vécu par les deux parties n’est pas le même (hein, tu savais pas ça, Mado???).
 
Une escale à Port-aux-Basques pour le Nomade II a permis qu’on puisse se parler par téléphone ce soir. Et j’ai fait une bourde… Celle de vouloir régler des petites choses du quotidien. Or, les priorités ne sont déjà plus les mêmes et je dois m’ajuster à ça et comprendre. Le stress vécu par les navigateurs (i.e. météo, route à rectifier, bris, retards, adaptation aux quarts, à la vie de promiscuité, etc…) est quelque chose qui est parfois difficile à comprendre pour l’autre qui n’y est pas.
 
Jean Hatzfeld disait: « Ne peuvent comprendre que ceux qui y sont… ». Comment ai-je pu oublier cela, moi qui avais déjà clamé plus d’une fois cette phrase? Dure leçon pour moi lorsque j’écoutais la voix cassante de mon capitaine. Force est de reconnaître qu’il a raison. Mon rôle est de m’occuper de tout en son absence puisque c’est ce rôle que j’ai choisi, et aussi d’avoir une attitude empathique. Seuls sur leur navire, coupés du monde, pas toujours en contrôle des communications qui font des « free games » selon l’expression chérie de ma copine Goglu, leur isolement est plus grand que le nôtre. Ce qu’ils ont besoin c’est d’encouragement afin de persévérer dans ce projet qui n’est pas de tout repos. Leur souvenir de nous heureux et positifs, occupe une grande place dans leur leitmotiv à continuer.
 
Ce soir, j’ai laissé ma fatigue et mes craintes m’envahir et cela s’est reflété quelque peu dans ma voix. Je n’ai pas vraiment été à la hauteur. Shit… Ça n’arrivera plus, j’en fais la promesse 🙂