«C’est une infirmité que vous avez de ne pouvoir envisager un voyage autrement que comme un détour pour aller de chez vous à chez vous» (Christian Bobin, L’inespérée)
Et voilà, un autre été, le seizième, à naviguer au loin. Tu es parti ce midi le cœur léger et la tête déjà là-bas. Moi, comme d’habitude, je suis entre deux eaux, ne réalisant jamais sur le coup l’effet de ton absence. Ce n’est que dans les jours qui suivent que je ressens ce vide dans la maison. Il est vrai qu’aujourd’hui les communications sont plus faciles qu’autrefois mais rien de remplace la chaleur de ton contact.
Dans quelques semaines j’irai rejoindre le Capitaine à Berlin et nous ferons le tour de la Pologne. Par la suite, arrivera Achille Michaud, journaliste de Radio-Canada à la retraite, qui sera son coéquipier et homme de pont pour le reste du voyage.
Pour avoir une idée de son périple, c’est ici. C’est parti pour un bel été!
Je suis à l’hôtel à quelques pas de l’aéroport de Copenhague. J’ai décidé de me gâter et de me rapprocher de mon point de départ pour le retour à la maison. Eh oui, ça fait 83 jours que je suis parti de la maison! Bien content de revenir mais je travaille déjà sur mon prochain voyage dont vous pourrez suivre le progrès autant en préparation que lorsque je le ferai avec Nomade l’an prochain.
Que retenir? La Scandinavie est à voir autant pour les gens que pour la nature, les paysages et les bateaux car il y en a. Le Danemark a un paysage plutôt plat, pas vraiment de montagnes. La Norvège, bien au contraire, de la roche partout et des montagnes, ne pas s’y aventurer sans cartes et demande une attention constante. La Suède, pour ce qui est de sa côte Ouest, se divise en deux parties : la première au Nord, semblable à la Norvège et la partie sud plus proche du Danemark.
Beaucoup de vélos, les gens sont bienveillants, polis, respectueux. Ici le piéton, le vélo, l’auto, ont tous leur place, pas de klaxon. Peu de gens portent le casque de vélo, mais presque tous portent le gilet de sauvetage pour entrer et sortir des marinas. En parlant des marinas, il y en a beaucoup. On peut rarement faire plus de 20 milles sans voir une marina, souvent beaucoup moins et elles sont rarement petites. Pour vous donner une idée une marina d’une centaine de places est petite. Dans les marinas du Danemark, de façon générale, on se glisse entre deux pieux où l’on passe une amarre pour l’arrière du bateau et deux autres amarres pour retenir le nez au quai. Beaucoup de marinas n’ont pas de quai réservé aux visiteurs, si une place est disponible il y aura un signe vert sur le quai sinon il sera rouge. Rarement on rencontre le maître du port. Généralement il y a une distributrice automatique en langage danois, allemand et anglais. Il est souvent indiqué que nous avons une heure pour payer notre billet sinon on pourrait avoir à payer entre le tarif et demi ou double tarif. Pour la Norvège les choix d’accostage varient, il y a peu de quasi sur les côtés, par contre parfois il y a des poteaux d’aluminium avec le bout sur un flotteur et on peut y attacher une amarre et le nez au quai. Parfois il y a possibilité de s’amarrer le long des quais, d’autres fois c’est l’ancre à l’arrière et on attache les amarres avant soit au quai, soit sur des anneaux dans la roche et s’il n’y a pas d’anneaux on insère dans les roches des pieux de métal semblables à ceux utilisés par les alpinistes dans les crevasses. Pour la Suède c’est un mélange de tout ça.
Je vous ai dit qu’il y avait beaucoup de marinas mais que dire des bateaux? Je n’ai jamais vu ni même imaginé qu’il pouvait y en avoir autant et je ne sais pas quel est le ratio bateau / population mais du bateau il y en a! Nous avons passé une nuit à l’épaule, nous étions le troisième il s’en est rajouté 5 pour un total de 8 bateaux et les gens semblaient trouver ça normal.
Merci à mes équipiers : Richard pour m’avoir aidé à préparer le bateau et de m’avoir épaulé jusqu’à Oslo incluant la traversée du Danemark à la Norvège où j’ai été non opérationnel dû au mal de mer. Merci à Danielle et Pierre pour le parcours d’Oslo à Køge. Votre présence m’aura été bien commode surtout pour les accostages où la navigation était des plus serrée que ça soit dû aux roches ou les haut-fonds, j’ai même réussi à endommager ma quille sur une roche.
Mais quelle aventure, une navigation à la hauteur de mes attentes, que j’ai adorée. Et en plus j’ai eu le plaisir d’avoir ma conjointe Mado qui est venue me rejoindre à Kristiansand (Norvège) pour naviguer jusqu’à Oslo. Ensuite, nous avons fait le voyage jusqu’à Flam en train, suivi d’une croisière sur les Fjords Aurlandsfjord et Nærøyfjord jusqu’à Bergen où j’ai eu le plaisir de revoir Randi avec qui j’avais fait connaissance en Crète en 2014. Ensuite location d’auto pour visiter ensemble Haugesund, Stavanger ainsi que Heddal pour visiter une église de bois plutôt impressionnante.
Nous voici à Kastrup marina (Copenhague) (Danemark) mais je vais vous parler de Malmö, notre dernier arrêt en Suède et un coup de cœur pour moi, malgré une partie de la ville qui a été rebâtie avec des bâtisses de 4 à 12 étages qui font pas mal getto soviétique. Mais autrement j’ai adoré l’architecture et les gens même s’ils semblent vouloir souvent nous éviter du regard.
Troisième ville la plus populeuse de la Suède liée à Copenhague (Danemark) par un pont/tunnel de 16 kilomètres, la ville semble en bonne santé. Un immense parc/plage qui fait environ 2 kilomètres avec tous les jeux possibles, que ça soit soccer, football, golf, tennis, tennis sur table, jeu de frisbee, de badminton etc…, le tout très bien aménagé avec piste piétonnière, cyclable, toilettes à tous les 100 mètres où à peu près, et une première pour moi à même chaque bâtisse de toilette un boyau pour air comprimé pour bicyclette, trottinette et carrosse pour enfant du moins selon l’image à côté du boyau.
Helsingborg, la ville de la céramique. Honnêtement j’en n’ai pas vue, mais c’est la plus grosse ville et moins ce côté ‘suédois’ que je m’étais habitué à voir depuis la frontière norvégienne/suédoise.
C’est quand même joli, pas aussi propre non plus mais pas sale quand même. Nous avons navigué la dernière moitié de notre parcours avec la Suède sur bâbord et le Danemark sur tribord. On sent la fin qui approche.
Le soleil est revenu depuis quelques jours et on en profite.
Plus que deux arrêts avant le Danemark. Nous voici à Torekov, un village de villégiature je dirais et je ne sais pas pourquoi je suis surpris, mais il y a plus de bateaux ici que je croyais possible. Je n’ai aucune idée comment nous allons réussir à sortir d’ici demain, mais on va sortir je n’en doute pas!
Le trajet fut en ligne droite 162 degrés pour 31 milles. Et nous avons pu trouver un amarrage à l’épaule d’un Nauticat 37, belle machine! Mais pas aussitôt arrivés qu’un Nauticat 36 vient sur notre épaule tribord et ensuite d’autres et d’autres voiliers arrivent et trouvent moyen de s’amarrer. Vu l’affluence, il semble y avoir toujours moyen de trouver une façon de s’amarrer.
Ensuite, petite visite de jolis endroits avec leurs restaurants, maisons, plage et tout simplement l’ambiance.
Demain Helsingborg, la jumelle d’Helsingør où j’avais vu mon premier dauphin de l’année côté danois.
Au revoir Götenborg, on se revoit en 2025. Mais pour le moment direction Knappskär, un arrêt pour le repas du midi, du moins c’est ce que je prévoyais, mais je n’étais vraiment pas confortable avec les différences de profondeur que je lisais sur mon profondimètre et sur ma carte Navionic. J’ai donc décidé de continuer direction Mönster pour la nuit à l’ancre, ça sera notre dernière nuit planifiée à l’ancre pour ce voyage. Un bel ancrage et beaucoup moins de bateaux que nous avons été habitués à voir depuis mon arrivée en Suède, bonne protection.
Départ tôt pour Sodra Horta qui, elle, doit être notre dernier ancrage pour ce voyage. Petit arrêt, un peu de grignotage de fruits, il va de soi, puis on repart pour Glommen que nous voulons atteindre pas trop tard pour avoir une place. Eh bien on arrive, une place au quai des visiteurs de libre pour voir arriver les bateaux après nous qui se cherchent une place et qui finissent par trouver à l’épaule au quai des pêcheurs pour plusieurs. Joli petit village de pêcheurs avec soleil, on se la coule douce et demain arrivera tôt car il semble que ça soit la règle pour se trouver un amarrage décent.
Nous voilà à Göteborg à la marina Lila Bommen Gasthhamn. La location est idéale, ce n’était pas la marina que j’avais sélectionnée dans ma planification mais vu qu’elle ne pouvait nous accueillir faute de places, j’ai pu réserver où nous sommes via Dockspot, une application parmi d’autres qui nous permet parfois de réserver, parfois de seulement payer notre emplacement. Après 5 milles de navigation dans la rivière Gota (Goto Kanal sera mon chemin de retour vers la Norvège en 2025), juste avant un pont levis nous voilà à notre marina. Une réservation est affichée sur notre quai, nous nous accostons sans problème. Le ciel a été couvert toute la journée mais pas de pluie.
En fin de journée petite marche dans la ville, un arrêt pour une bière et de retour au bateau. La pluie a commencé tôt en soirée et a duré toute la nuit, toute la journée, la soirée et la nuit encore, mais pas vraiment d’éclaircissement pour notre dernière journée, mais très peu de pluie. Nous pouvons donc arpenter la ville et visiter un peu.
Danièle et Pierre aimeraient certainement moins de pluie, mais s’adaptent plutôt facilement.
Demain deux ancrages, un pour dîner (Knappskär) et un autre (Mönster) pour la nuit.